29 avril 2007

Swervedriver : Ejector Seat Reservation



Ejector Seat Reservation de Swervedriver

Coup de coeur !


Sortie : 1995
Produit par Alan Moulder
Label : Creation

En s'échappant du carcan du shoegaze, duquel il garde pourtant un goût prononcé pour l'empilement de guitares, le groupe d'Adam Franklin explore de nouveaux horizons et livre de grandes chansons richement travaillées et surprenantes. 
L’album s’ouvre en crescendo, comme une musique de film, violons, corde de guitare à peine grattée, maracas, trompette mexicaine, saxo et autres instruments en cuivre, puis c’est parti, un rythme indolent, d’une coolitude impressionnante, et les guitares déboulent pour un refrain génial (« Bring me the head of the fortune teller »), avant de s’épancher en un maelström addictif. Ça enchaine avec « Other Jesus », sa basse grunge, sa morgue éhontée, sa disto féérique, son groove imparable. Et tous les autres titres sont du même acabit. On ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. On se dit que c’est au moment où Swervedriver intéressait le moins de gens qu’il s’est révélé justement le plus intéressant.
Il n’y a pas un morceau qui n’ait pas sa petite trouvaille, son petit riff qui tue ou sa mélodie astucieuse. L’album se distingue par l'abondance d'arrangements, violons, parfois trompettes, l'apparition de petites mélodies parsemées ici et là, de voix trafiquées par vibraphone, de cithares orientales ; tout en restant  incroyablement cohérent. Sur « Bubbling Up » le ton n'hésite pas à ralentir et à devenir plus planant au cours d'un air indolent et prodigieux à la guitare sèche et tambourins. « How does it feel to look like candy ? » alterne tempête retentissante et surélévation aérienne. Enfin « Son of Jaguar ‘’E’’ » est une extase psychotrope, traversé d’éclairs noisy.
Avec ce troisième album, le groupe gagne en maturité et son talent va s'exprimer à sa juste mesure à travers de grandes chansons remarquables et extraordinaires. « Last Day On Earth » est d'une sensibilité exquise, elle suffit à elle seule à créer une euphorie sophistiquée et classieuse, dévergondée à souhait. Sa basse, sa guitare folk, son chant déchirant, ses nappes de guitares aux riffs soignés et surtout ce refrain si émouvant, noyé de violons. Ces jeunes garçons au chic insolent pouvaient tout se permettre. 

Même des chansons cachées, comme les adorables « Plan 7 star satellite 0 », expérimental, et « Flaming Hart », moite, langoureux, un vrai blues ! Des surprises pour prolonger le plaisir…

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