28 avril 2007

Moose : ...XYZ


...XYZ de Moose

Sortie : 1992
Produit par Mitch Healer

Label : Hut

Souvent cité comme référence, car ayant reçu de bonnes critiques de la part de la presse anglaise comme NME, …XYZ de Moose, sorti en 1992, est une ode à la flânerie et à la contemplation. Kevin Mc Killop, songwriter révélé, indique ici qu'il souhaite mélanger des genres, ralentir le tempo et étaler son spleen de façon originale et presque fantasque. Les titres, chantés d'une voix grave, aspirée et suave, sont de purs moments étirés et étendus de rêverie. « Sometimes loving is the hardest thing » démarre à la guitare sèche, avant de longues plaintes de guitares et des violons. Puis elle se termine par un orage, un mur du son et des distorsions. On voyage.
On reconnait même des influences sixties ou folk très marqué, une hérésie pour du shoegaze. Ainsi sur « Don’t bring me down », on a toujours les saturations classique, mais avec un rythme country, et des riffs façon western, des voix douces, légèrement teintées de tristesse. Et « Every’s talking » une ballade plaintive, à base de tambourins, de caisses frottées à la baguette balais, de guitares claires, de distorsions, chanté façon crooner américain. Cet album est en fait un objet totalement incongru. Moose s’abstrait de toute influence de son époque et délivre une musique, poétique mais très mélancolique, assurément hors du temps. Une vraie bulle totalement étanche. Pour preuve, « I’ll see you in my dreams », si étonnant, car on dirait une valse lente, avec ses violons, son influence italienne et son romantisme fleur bleu. On dirait une bande-son d’un film des années 50.
Pour arriver à ce charme légèrement suranné, Moose a complexifié ses arrangements et ne se contentent plus de longues plages de saturation. Les jeux à la batterie et à la basse se sont nettement améliorés. Moose ne se refuse rien et s'offre une orchestration de haute volée. Les violons, cordes, harmonica, guitares sèches, remplissent une palette grandiose et bucolique. Moose joue les filles de l’air, devient plus léger, plus sévère aussi dans sa musique, on perçoit quelques flâneries, des sifflements de contentement, des rebonds à la guitare, tout en conservant ce cher cynisme dans les textes. « The wishling song » démarre ainsi en sifflotant avant de muer en une ambiance plus sombre, plus trouble, puis de reprendre sur un ton plutôt entrainant, et d’enchaîner ainsi les entre-deux. Moose indique vouloir toujours jouer sur les ambivalences. « Little Bird » et ses violons, « Polly » et son harmonica, ou « Soon is never soon enough » et son piano de saloon, sont des chansons superbes d’entrain et d’insouciance en apparence, mais elles ont bien du mal à cacher leur désarroi.
Les paroles alternent entre sentiment de bonheur intense et noirceur sentimentale, jouant sur le malentendu. Que dire des paroles terrifiantes de « Friends » : ‘’now, i’m alone, nobody’s home. I’m talking to myself’’, débitées par une voix de droopy, sur un rythme pataud ? Un crève-cœur. Une tristesse renforcé par les légers chœurs en arrière-plan, le solo à la guitare sèche façon folk, et toujours les saturations au loin.
Les arpèges de ce premier album sont contagieux et nous emportent au loin, à l’image du morceau éponyme de conclusion, qui est d’ailleurs totalement un folk-country, avant de se terminer dans une grande torpeur, avec des réminiscences de mélodies, pourtant enchanteresses mais vaguement désenchantées en elles-mêmes.


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