8 mai 2013

Kitchens of Distinction : The Death of Cool


The Death of Cool de Kitchens of Distinction

Sortie : 1992
Produit par Hugh Jones
Label : One Little Indian

A l'occasion de son troisième album, le groupe britannique décide d'assombrir son ton, et de se lancer dans une démonstration plus magistrale, plus étirée et plus planante parfois.
Chaque passage éclatant est construit de façon magistrale, par une superposition instrumentale et une surenchère frénétique, jusqu'à un épanouissement torturé. Cette musique irradie comme une lumière jaillissante mais troublée. Le trio anglais tire de leurs instruments et surtout d'une production sublime (due au bidouilleur qu'est Hugh Jones) toutes les possibilités pour atteindre une grâce sans pareil (« What happens now ? » ou « When in heaven »). On reste conquis devant ces démonstrations splendides, ces confettis sonores, cette corne d'abondance, ces effets stroboscopiques atteignant des degrés d'intensité inégalés (« 4 Men » et ses ‘’aaah yiiii huuuuuh’’).
La musique de Kitchens Of Distinction est affligée, exubérante, luxueuse et nouvelle. Elle est l'occasion à chaque fois d'un voyage imaginaire et fantasmagorique, vers un monde présidé par la sensibilité exacerbée de ce groupe atypique, ainsi que par ses doutes, voire de la colère. The Death Of Cool est leur troisième album mais sans doute leur plus varié et étoffé. Les morceaux prennent le temps de monter en intensité, certains sont aériens et trainants, soulignés par des réverbérations perdues (le superbe « On tooting broadway station »). D’autres sont plus obscurs encore, souterrains et étranges (« Gone Word Gone » et son intro à la basse). Mais dès que le groupe laisse sa puissance inonder au cours d'une tempête saturée, c'est un véritable mur du son qui s'impose, brillant, ébouriffant et tourbillonnant. Les nappes d'effets, les déferlantes de guitares, cette magie ambiante et marque de fabrique du groupe, élèvent les compositions pour leur confier une valeur proche du sublime (« Blue Pedal » qui se termine en apothéose). Comme tout groupe de shoegazing de l'époque, ce ton saturé n'est qu'un miroir déformant à la mélancolie et la rêverie.
On a bien du mal à revenir après la fin de l'écoute. Kitchens of Distinction assume sa mélancolie (le faux-tranquille « Mad as snow ») jusqu'à se laisser perdre lui-même et s’envoler très haut.

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