26 juin 2007

Smashing Orange : 1991


1991 de Smashing Orange
Sortie : 2005
Produit par Stephen Pala
Label : Elephant Stone


Cette année 1991 fut pour Smashing Orange une année de folie pure : concerts psychédéliques, tournées à battons rompus, orgies dans les loges et fêtes à n'en plus finir, comme aux plus belles heures des années 60.

Rob Montejo (qui fondera plus tard The Sky Drops) se remémore : « Les premières chansons étaient rafraîchissantes et excitantes. On faisait du shoegaze avec une petite inflexion psychédélique façon sixties. C’était une époque où les concerts étaient spectaculaires »[i].
Et à l'écoute des chansons sauvages qui composent ce recueil, on comprend pourquoi. Le ton est relâché, le batteur maintient un tempo psychédélique, les guitares sont déchaînées et les larsens, effets fuzz et pédales steel abondent dans cette surenchère sonore. « Not very much to see » ou le tourbillonnant « Sugar » sont de vraies déflagrations sonores, crasseuses et pourries. On dirait du shoegaze garage !
Les mélodies sont pourtant là, derrière la crasse et la souillure, des miracles de fraîcheur, les refrains sont prenants et les harmonies évidentes (« Just before I come » ou « Any further, it’s all over »). L’ambiance peut se faire carrément vaporeuse, lorsque le ton ralentit et que la paresse prend le dessus. Ainsi « Strange young girl », où est conviée Sara Montejo est une longue traînée de lendemain de fête, où les esprits s’égarent et se laissent dériver par facilité pour approcher une certaine poésie. Car pour Rob, l’influence ultime, ce n’est pas My Bloody Valentine, mais bien « Syd Barett, le premier shoegazer »[ii].
Ces purs bijoux pop sont enveloppés dans un écrin sortie de la boue, riche en réverbs dégueulasses et autres pédales de distorsions, dignes des premiers albums de Dinosaur Jr (« Slivewinter » ou « Felt like nothing »). Les musiciens ne semblent même pas se rendre compte de leur fureur branleuse. Ils feignent l'indifférence, parfois jusqu’à la nonchalance. Témoignages d’un laisser-aller psychotrope, les fuzz masquent le désabusement des chants, souvent traînards et complètement camés (« Only complete with you »). C'est cet équilibre toujours fragile, malgré la vindicte de la revendication, qui confère à cette musique unique une grâce agressive de toute beauté.



[i] Interview de Rob Montejo sur When the sun hits, 14 octobre 2010, [en ligne] http://whenthesunhitsblog.blogspot.fr/2010/10/interview-rob-montejo-of-sky-drops-and.html
[ii] Idem

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