28 août 2007

Lush : Split

Split de Lush

Indispensable !

Sortie : 1994
Produit par Mike Hedges
Label  4AD

Split est certainement le meilleur album de Lush et c'est terrible car il fut totalement descendu en flamme par la presse. C'est l'exemple type d'incompréhension.
Les filles, Emma et Miki, n'ont jamais aussi bien chanté, la section rythmique de Phil et Chris n'a jamais été aussi engagée, les écritures n'ont jamais été aussi complexes... pourtant personne ne l'a remarqué à l'époque. Ce qui fait la force de cet album, c'est ce petit côté flottant, insaisissable, léger. Il est plus facile de s'immerger dans ce climat féerique, plus chaleureux que sur les albums précédents, avec des entrelacs de voix et de guitares, qui cette fois-ci, enfin, s'accordent et sont construits pour tenir compte l'une de l'autre. 
"Lit Up", "Kiss Chase" ou encore "Starlust" sont plus énergiques qu'avant, tout en conservant ce raffinement dans les lignes mélodiques, qui fait tant l'atout de Lush.
Hélas, personne ne l'a vu ainsi. Au milieu des années 90, la presse d'abord, le grand public ensuite, comme des toutous, ont réclamés de la percution et un message limpide. Lush offrira de l'évasion, un sentiment clair-obscur, entre la luminosité de ses compositions, richement travaillées, comme des pièces d'orfèvres, et la noirceur des paroles, légèrement désabusées.
Au tempo lent, aux vocalises légèrement plus basses que d'habitude, au riff un peu triste, "Desire Lines" est un bijou de désenchantement. Quant aux huit minutes de "Never Ever", c'est un pur moment de magie et de grâce ; prenant son temps, sûr de son impact, il s’appesantit, traversé par des violons, pour livrer une échappatoire à tout ceux qui se lassent de la réalité.
C'est cela qu'on a peut-être reproché à Lush : de s'être inventé un monde qui n'existait pas au lieu de combattre l’âpreté quotidienne. Il n'empêche que ces textures riches n'ont aucun équivalent.

27 août 2007

Lush : Gala


Gala de Lush
Coup de coeur !


Sortie : 1990
Produit par John Fryer, Robin Guthrie et Tim Friese-Geene
Label : 4AD


Alors que défilent sur cette compilation l’ensemble des premiers singles du groupe, on remonte à rebours leur carrière, jusqu’aux prémices, à la fin des années 80.
On découvre alors l’évolution des filles Emma Anderson et Miki Berenyi, qui se transformeront et accompliront une métamorphose musicale des plus envoûtante. On les connaissait divines enchanteresses à la voix virginale, dessinant des arabesques doublées, vaporeuses et éthérées (« Sweetness and bright », produit par Tim Friese-Greene), on ignorait tout de leur passé. Au fur et à mesure qu’on avance dans ce recueil on surprend, fasciné, un passé beaucoup plus trouble et plus furieux.
Alors que les enregistrements d’octobre 1990 se font contemplatifs à souhait, molasson presque (« Sunbarting ») et d’une grâce éperdue, ceux antérieurs vont raviver des flammes et un esprit tempétueux dénotant.
On ne sait pas saisir la personnalité de ces filles de Lush, tantôt mutines et angéliques (les hoquets sur « De-Luxe »), tantôt sévères et gracieuses (« Thoughtforms »), surtout lorsque les enchevêtrement des voix sont accompagnés tour à tour d’arrangements féeriques (que l’on doit à Robin Guthrie, qui parrainera le groupe) ou de guitares saturées (« Leaves me cold »).
A leur débuts, les filles de Lush étaient quasiment des punkettes, ayant plus de mordant dans le chant, insufflant un venin incroyablement coriace et qui reste longtemps après avoir pénétré les veines. C’est donc avec un mélange de fascination et de stupeur que l’on écoute ces titres de 1989, tout à la fois énervés, distordus (« Baby Talk »), aux guitares saignantes (« Second Sight ») et à la section rythmique frénétique (« Bitter »). Au beau milieu de ces tourbillons, savamment orchestrés par John Fryer, nonchalant, et lorgnant sur d’autres groupes de la maison 4AD, comme les Throwing Muses, le groupe n’en oublie pas moins de livrer, déjà, une dose d’esthétisme arty et magnifique, comme sur les divins « Etheriel » (et ses violons) ou « Scarlet », dont les voix tombent en pluie d’or.
Les harmonies vocales et les entrelacs de guitares se marient à merveille pour ce qui restera comme un des plus impressionnants colliers de perle pop de ces années là.