19 septembre 2007

Black Tambourine : Complete Recordings


Complete Recordings de Black Tambourine

Indispensable !

Sortie : 1999
Produit par Black Tambourine
Label : Slumberland

Certes, ce n’est qu’un recueil de dix titres pas plus, deux singles et des chansons parus sur des compilations, pour être précis, le tout pour une durée qui n’excède même pas vingt-cinq minutes, mais c’est déjà beaucoup.
Pour se rappeler au bon souvenir de son groupe fétiche qui l’a accompagné à ses tout débuts, le label californien, Slumberland, se décide de rassembler toutes les chansons écrites par Black Tambourine au cours de son existence. Exercice pas si difficile que ça, puisque l’anthologie ressemblera à un maxi, ou tout au plus à une démo.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit : des démos. Le groupe n’aura pas de carrière plus longue. Il ne s’agira donc pas des démos du groupe, mais bien au-delà, des démos de tout un pan de l’histoire du rock américain qui commençait à prendre forme. La naissance de l’indie pop, celle des miséreux, des cœurs sensibles sans le sous, qui se cramponnèrent à l’éthique lo-fi pour imposer leurs idées chaleureuses à un monde trop froid.
Une voix magique et céleste, parfois mutine, (celle de Pam Berry), quelques guitares saturées et particulièrement crades, une basse rebondissante, une batterie hyper basique qui se contente d’enchaîner les coups sourds, de la fraîcheur et surtout beaucoup de talent: ce groupe américain avait compris qu'il ne suffisait pas de déployer des moyens énormes pour écrire de belles chansons.
Des titres comme « I was wrong » ou « We can’t be friends » sonnent comme un clin d’œil à tous ces groupes anglais, comme The Jesus and Mary Chain mais aussi The Primitives, Shop Assistants ou 14 Iced Bears (dont le groupe se disait très influencé), avec leurs guitares saturées, qui pervertissent juste ce qu'il faut les mélodies chatoyantes des morceaux. Il n’y a rien à redire. Tellement frais, tellement innocent et tellement mythique qu'on en redemande sans cesse. Et on ne cesse de découvrir alors ces trésors originaux et pourtant si élémentaires. Sur cet opus on y trouve une valse improbable (« Drown »), une petite bombe sonique (« Throw aggi off the bridge »), une complainte éthérée incroyable et sublimement frappée de saturations (« By Tomorrow » et sa basse lancinante qui hante encore les esprits), un joyaux langoureux bercé de fuzz et de distorsions (« Black Car ») mais également un morceau particulièrement étrange, à la basse increvable qui glisse imperceptiblement vers le cafouillage sonore tandis que le chant tente désespérément de se maintenir hors de l’eau et de conserver sa grâce (« Pack you up »).
Toujours aussi déséquilibrées dans l'esprit et fulgurantes dans la forme, ces chansons éternelles sortent du lot par leur éloquence fragile et brouillonne. Dans une atmosphère attachante, ces pauvres rêveurs ont su donner ses lettres de noblesse à une pop impudique, mal dégrossi et ultra simpliste. C'est frais, spontané et irrésistible.

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