5 septembre 2017

The Rosemarys : Providence


Providence de The Rosemarys

Coup de coeur !

Sortie : 1993
Produit par Drew Masters et The Rosemarys
Label : Continuum Records / Tribindicular


Ceux qui cherchent du bruit peuvent vite être décontenancés : on ne trouve chez The Rosemarys que des flottements et des ballottages berçant. Ce premier album regorge d’une musique jamais énervée mais louvoyant dans des eaux tranquilles, traversée de ça et là par des guitares splendides, des recours symptomatiques au piano pour venir compléter des arrangements particulièrement rêveurs, des voix virginales, loin d’être viriles, et aussi des empressements féeriques.
Teintées de mélancolie, voire du désespoir le plus cru, les paroles résonnent d’autant plus qu’elles s’envolent sur des airs oniriques, quelque peu majestueux, sans se perdre non plus dans une ampleur qui leur ferait perdre leurs impacts. Tout juste des entrelacs de piano, de guitares, de claviers et de douces voix leur permettent-elles de s’épanouir, alors qu’elles sont parfois d’une tristesse pesante. Pour une fois avec le shoegaze, lire les paroles est fondamental, pour essayer de se saisir de l’insondable défaitisme qui habite les membres du groupe. Les textes témoignent d’une peine irrécupérable : ‘’Quand je suis dans tes bras, je me retrouve abandonné dans les rêves d’un autre’’ sur « Collide », ‘’Toutes les larmes qu’elle a pleuré se sont transformées en pierres jusqu’à construire un mur derrière lequel elle sera seule’’ sur « Stonewall » ou bien ‘’Je voudrais bien ressentir ce que tu dis, mais je ne ressens rien’’ sur « Rollercoaster »). L’impression laissée se rapproche du détachement, les choses matérielles sont laissés de côté et on s’abandonne à la légèreté du monde volubile que propose The Rosemarys tout du long de Providence.
Volontiers rêveur, sans pourtant être ennuyeux (le rythme est toujours alerte, proche de la cold-wave, et les guitares tissent des réseaux harmonieusement tressés, comme sur « Collide »), ce premier opus ressemble à une modeste mélopée élégiaque. Parfois emballant et proche de Manchester (« Spiritualized » ou « Perfect »), souvent rêveur et luxueux (ah, le délicat piano de « Fountain » ou la plainte de « Stonewall » à faire fondre les cœurs les plus durs). Le chant est apprêté, ouaté et extrêmement précieux dans la douceur, laissant poindre une légère mélancolie.

Mais beaucoup trop soyeux et sans vigueur, comment cet album pouvait être reconnu ? Il s’agit là d’élucubrations qui convient surtout à des étudiants en mal de romantisme. Ce fut d’ailleurs le cas, l’album (et sa pochette psychédélique) n’ayant eu d’attrait que pour les résidents des universités californiennes. Peu importe, car les gens peuvent y découvrir alors tout un nouveau monde, remplis de moments éperdus de beauté et d’emphase (« Providence » ou l’élégiaque « Aeroplane » et ses coups de batterie appuyés). Le tout drapé d'un chagrin inconsolable.

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