7 novembre 2008

The Milk and Honey Band : Round the Sun



Round the Sun de The Milk and Honey Band

Sortie : 1994
Produit par Robert White
Label : Rough Trade

Ecris et composé par le seul Robert White, « Round the sun » est un album en marge : en marge des modes, en marge du groupe Levitation et probablement en marge de tout ce qui fait office de règles en matière de rock. Pas sûr que quelqu'un se soit rendu compte de l'existence de cet album. Le premier essai du groupe a fini par être abandonné.
D’ailleurs ce n’est pas un album à probablement parler puisque les chansons ont été écrites de façon éparse, au grès des humeurs et des lassitudes, à divers moments que l’on devine de solitude (cela s’entend), éparpillées entre 1992 et 1994. Cet aspect de vagabondage imprègne le recueil, les enregistrements étant fait maison, Robert White jouant même de tous les instruments et le son étant très dépouillé, oscillant quelque part entre un psychédélisme pastoral et un folk boisé très aérien.
En réalité, « Round the sun » n’a que très peu à voir avec le courant shoegaze : il ne s’en rapproche que par le chant, très vaporeux et doux. Il s’agit plus d’un psychédélisme très tranquille, qui n’hésite pas à s’égarer parfois. Bucolique et new age (le magnifique « Not Heaven »), la musique de The Milk and the Honey Band renoue avec quelque chose de simple, reposant et rassurant, quelque chose qui évoquerait l'évidence et le plaisir de s’évader dans un univers douillet.
Seul le plus conventionnel « Another Perfect Day » fait appel à un mur de guitares saturées. Mais le mot d’ordre général reste tout de même le dénuement.
Lorsque l’ensemble des arrangements s’effeuille et se déshabille, et qu’il ne reste qu’une belle guitare sèche, on aboutit à des ballades évanescentes mais magnifiques de pureté (« Tin Cars » ou bien « Out of nowhere »). Agrémenté d’échos lointain, le folk désabusé à tiroir de « Round the sun » est un modèle de beauté : on se prend à fermer les yeux et à se laisser dériver, accompagné par les vagues ouatés de la voix légère de Robert White, enregistrée plusieurs fois pour des dédoublements.
Composées entre deux concerts de Levitation ou seul à la maison, les chansons parviennent avec leur maigres moyens à dériver dans des expérimentaux planants, à l’instar de « Tea » et son xylophone, ou bien de « Pierview », sonate au piano et violons. Ces instrumentaux ne sont pas toujours évidents, sans dénoter cependant de l’impression de flottement ou de tranquillité qu’apporte l’album. Dans des notes crépusculaires et lugubres (le superbement ténébreux « Light »), Robert White surprend et fascine à la fois. L’album se termine sur un instrumental lapidaire, qui s'éteint sur des bruits de pluie.
Ce qui ressort tout de même, c’est cette saisissante impression d’apaisement. Tout y est plus doux, plus chaleureux, plus confortable. Des chansons comme « Puerta » ne font qu’effleurer, souffler des brises et s’envoler de l’esprit comme elles étaient venues…

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