10 février 2009

Here : Swirl


Swirl de Here

Sortie : 1993
Produit par Milos Gruber
Label : Indies Records

Et si la chanson ultime était là ?
Une batterie qui résonne dans le vide et surtout, surtout, une basse à se damner, qui rampe et fait trembler les murs, implantant un décors froid avant l’entrée de la lumière : une vague saturante libératrice et une voix de déesse qui scande des mots magiques, juste avant qu’un repos s’installe, avec une toute petite guitare sèche. Puis les vagues saturées reviennent, s’écartent, reviennent à nouveau. « Ravens » est tout bonnement magnifique, indépassable, notamment lorsque le ton s’accélère et qu’on entre dans un duo de voix masculin et féminin d’une grâce à couper le souffle. On voudrait d’ailleurs que la chanson ne s’arrête jamais. Poursuivre le rêve jusqu’à l’infini, envoûté par ce chant qui monte haut dans le céleste et ses guitares dévastatrices.
Seulement voilà, soudain, le ton se fait plus grave, et on revient au début, avec uniquement la batterie martiale. Mais la pause est de courte durée car ressurgissent les guitares pour un déluge planant. Les sept minutes de ce titre magique se termineront dans un concert sans fin de guitares distordues et saturées, absolument époustouflante de beauté.
Le problème, du coup, c’est que les autres titres paraissent bien fades à côté. Ce premier opus « Swirl » possède le malheur d’avoir sa meilleure chanson placée au début.
Le reste est beaucoup plus classique, pop-song accélérée et passée sous mixer comme « Lanes », dont on n’entend à peine les voix, ou « Scar in Days », et dont le ton est moins vaste, moins emphatique, plus direct. Ceci dit la voix de Katerina fait merveille, et la maîtrise des saturations est stupéfiante, surtout pour le fait qu’elle renforce un certain côté ample et majestueux. En y regardant de plus près, certains morceaux se distinguent, à l’instar de « For my star », et ses distorsions flottantes, dont les dérives harmoniques étonnent, ou « Haze », lent, tranquille mais imposant.
La grâce atteinte par « Flower Rain » est époustouflante : la mélodie entêtante se répète doucement comme un mantra, tandis que par la voix et par l’arrivée impromptue des guitares, le crescendo s’immisce et fascine. Une fois dans cette bulle, on se repose et on se laisse aller, dans un voyage vibrant, sensationnel au sens propre et secouant. Mais tant de beautés sont visitées qu’on est ballotté autant par nos émotions que par les instruments.
On ne revient d’ailleurs jamais totalement d’un tel voyage : celui-ci est trop intriguant, trop lointain pour qu’on n’en ressorte tout à fait le même. Et le dernier message, « Now », sera aussi le plus virulent : tourbillonnant de toute part, la chanson part sur les chapeaux de roue. Les pauses prises ne seront que des illusions, des caches, pour mieux ensuite laisser les rouleaux compresseurs de saturations faire leur travail. Un mur du son écrasant pour tout dévaster sur son passage pendant de longues minutes. Ebouriffant.
Un album qui mérite donc d’être écouté deux fois : une pour être sous le choc, une autre pour réaliser que l’on a affaire à un des plus grands disques de shoegaze. Dire que ce groupe est inconnu !

1 commentaire:

  1. Bonjour, impossible de mettre la main sur cet album ! Quelqu'un sait ou on peut le trouver ?

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