18 mars 2009

The Autumns : The Angel Pool


The Angel Pool de The Autumns

Coup de coeur !

Sortie : 1997
Produit par Andrew D.Pickett
Label : Ichiban/Risk

Volontiers à fleur de peau, le style des américains peut paraître boursouflé mais à chaque fois que le chant monte dans les aigus, force le ton, se balance sur la corde raide, impossible ne pas se laisser avoir à chaque fois : on est comme envoûté. Les longues et tortueuses parties de guitares enchantent et évitent soigneusement de se lover dans la boue des riffs rock traditionnels (« The Garden Ends »). En matière de choix, les musiciens de The Autumns se font des esthètes et préfèrent largement traîner du côté de la féerie. Les lignes construites sont dans ce cas légères, futiles mais gracieuses, quelque peu enflammées, mais en aucun cas ne desservent le pathos forcé du chant, pourtant si magnifique et poignant. Le groupe prend son temps, suspend ses effets, insiste sur le côté féérie, et se jette à corps perdu dans des slows qui finissent une tempête (le faussement calme « Embracing Winter »). Lorsque les déboulées de saturation écrasent ce chant crié qui s’arrache des poumons en une émotion désespérée, la retenue est nettement dépassée, pour flirter avec un envoutement racé, comme avec « Eskimo Swin ».
Cela pourrait paraître ridicule, cependant on se prend à croire qu’il s’agit là d’une ultime déclaration d’amour, que toutes les émotions sont jetées là dans la bataille, au prix d’un risque énorme, alors qu’autour le monde se pourrit de l’intérieur. Dernier refuge de l’authenticité, ce premier album sublime et inouïe de beauté boursouflée, en prend paradoxalement tous les contours contraires : climat romantique et rêveur à souhait, guitares détachées proches de la dream-pop, harmonies sublimes destinées à filer la chair de poule, chant exagérément plaintif, langueur étirée sur de très longues minutes (époustouflant « Juniper Hill »), souvent se terminant en panaches saturées, entrecoupés de volutes (« The Angel Pool », entrecoupé en plein milieu par un silence assourdissant, puis par des nuages, d’où revient progressivement la douce mélodie initiale). Et lorsque le ton se fait plus minimaliste, que la voix se fait plus aérienne, les guitares plus laconiques, c’est là qu’on atteint le summum du déchirement. On ressent les émotions au plus près du cœur, soulevé par les montées aigues et les arabesques vocales, comme des guitares d’ailleurs, comme avec « Glass in lullabies », beau à pleurer. Pourtant c’est ici que l’on va reconnaître une vraie volonté de s’échapper de la rigueur du quotidien et de ses chagrins d’amour inévitables.

Voilà pourquoi ce disque marque pour longtemps.

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