21 mai 2009

Bailter Space : Vortura



Vortura de Bailter Space

Sortie : 1994
Produit par Paul Berry
Label : Flying Nun


Une définition de la musique de Bailter Space en un mot : densité.
Tout est concentré, compacté, serré. Difficile de retrouver dans ce gruau pop un minimum d’espace de légèreté. Cela ressemble à une agression par moment. Les rythmes indus et répétitifs assènent des coups à répétition, comme sur le terrifiant « Projects 1 », le distordu « I.C.Y » ou bien encore « Reactor », sorte de dub cacophonique très expérimental. Mais en réalité, c’est juste que la pression n’est jamais relâchée. La batterie enchaîne les coups sans faiblir, tandis que les guitares vombrissent. Et lorsque ce n’est pas des chants complètement effacés, c’est une voix déformée et robotique qui prend le relais pour rendre les choses plus ambiguës.
Car il est une chose sûre par contre, c’est qu’on ne sait pas si c’est du noise ou de la pop. Il est incroyable de constater à quel point les deux styles se mêlent et se confondent. Sans doute, cela explique pourquoi le son est si brut, si compressé ; c’est pour éviter de les distinguer l’un de l’autre. Bailter Space signe avec « Vortura » un album cohérent, qui navigue entre plusieurs tons, du plus innocent au plus accrocheur, tout en gardant une unité.
Si bien que des morceaux comme « Process Paid 2 », au-delà de l’instrumentalisation resserrée, présentent des aspects savoureux, flirtant avec la pop la plus légère, tout en glissant quelque fois des zébras noirs et des distorsions loin d’être gentillettes (« Voices »). Abrasif et écrasant, il faut bien se rendre à l’évidence, « N°2 » est pourtant une chanson extrêmement prenante, jouée avec suffisamment de détachement malgré sa lourdeur pour devenir un exemple rafraîchissant de pop adolescente.
Mais Bailter Space est loin d’être un groupe insouciant : les saturations et la surcharge sont là pour le rappeler. Le désir premier est de jouer fort, le plus fort possible, comme sur « Dark Blue », qui ne baisse jamais le ton ou sur « Shadow », au chant doux et léger, typique du shoegaze dont le groupe néo-zélandais s’est largement inspiré.
La froideur reprend alors ses droits, qu’elle a toujours eu d’ailleurs avec Bailter Space, en témoigne le bourdonnant et léthargique « Galaxy », stupéfiante démonstration de paresse écrasée sous une drone entêtant. Et que dire de la conclusion, « Control » avec son phrasé contestataire « This is our nature ! Take it all ! Take control ! », qui sera passé au mixer ?

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