30 juin 2009

Fiche artiste de Paint in Watercolour



Paint in Watercolour

Le Japon a toujours été au fait de la pop et présente une des scènes les plus excitantes qu’il est jamais été donné de rencontrer. Alliage entre le goût de l’extravagance et une folle énergie, le rock japonais possède également la particularité de dépeindre parfaitement la jeunesse moderne de l’archipel, tiraillée entre identité moderne et décalage esthétique.
Une des formations shoegaze oldschool provenant du Japon, plus précisément de Niigata, Paint in Watercolour, rassembla à l’aube des années 90, Masato Nunokawa (guitare et chant), Kenichi Sekigushi (guitare), Manabu Shimizu (basse) et Shigemi Sakyo (batterie), pour la sortie de deux albums seulement : « Unkown » en 1992, précédé du single « Glare », et « Velocity » en 1993.
Leur premier single, « Flow » en 1991, sera publié par le label Aja Records, une filiale de Victor’s Musical Industries, grand label japonais. Il permit au groupe de s’épancher sur ses influences clairement britanniques, entre Ride et Revolver.
Aujourd’hui complètement oublié, le groupe aurait mérité pourtant sa place parmi les meilleurs formations pop, tant il enchaînait les tubes potentiels avec une facilité déconcertante.


28 juin 2009

Paint in Watercolour : Unknown



Unknown de Paint in Watercolour

Sortie : 1992
Produit par Paint in Watercolour
Label : Victor Musical Industries

Dans un monde plus juste, les chansons de Paint in Watercolour auraient mérité d’être des tubes.
En tout cas elles ont tout pour l’être : des guitares tourbillonnantes, bouillonnantes et pleines de vie, cinglant des mélodies prenantes et immédiatement accessibles.
Le ton légèrement dérapant de « You are here », l’énergie contagieuse et saturée de « The Sweetest Sugar », le chant rempli de morgue et de beauté de « Glare », le passage vaporeux avec guitare sèche et percussion de « I’ll be your eyes », le refrain irrésistible (quasiment dans un esprit Brit-Pop) de « Hypocrite », les guitares furieuses de « Guess », la longue montée en puissance de « I wish to die », sommet shoegaze rempli de fureur contenue et d’abattement, tout est là pour constituer un album qui aurait mérité plus que le rang d’œuvre inconnue.
Sorti au Japon et en même temps que d’autres groupes évoluant dans la même veine, comme Catherine Wheel, Ride ou Adorable, « Unknown » (qui porte bien son nom) ne resta finalement que l’apanage de quelques irréductibles locaux. Et pourtant, ce sont eux qui avaient raison ! Car Paint in Watercolour possédait un réel talent d’écriture.
Bourrés de vivacité, les titres de ce premier album respirent la fraîcheur, les idéaux démesurés des jeunes musiciens et cette envie inassouvie de refaire le monde. Pour dépeindre cet état d’esprit unique, autant éphémère que précieux, où même en étant jeunes, on est persuadé d’être capable de tout chambouler.
C’est ce que l’incroyable et savoureux « Melt », ce mid-tempo dandinant, cette basse roucoulante, ce chant précieux, essaye de dire : il n’y a pas de limites, pas de barrières, juste nos ego. L’objectif n’est pas de refaire le monde, l’objectif c’est d’en avoir toujours envie.

25 juin 2009

Fiche artiste de Moonshake



Moonshake


A l’écoute de la musique particulière de Moonshake, on retrouve de la raideur, du cynisme et beaucoup d’étrangeté. C’est avec une sorte de punk-dub, parfois saturé, parfois obscurci par des cuivres, saxo ou piano vieillot, rehaussé de polyrythmies et autres déphasages, que la formation anglaise sera une des têtes brûlées du label Too Pure au début des années 90.
Et c’est bien normal qu’on retrouve autant de tensions, puisque le duo David Callahan et Margaret Fielder (qui a travaillé un temps avec Ultra Vivid Scene) ne s’entendait guère. Elle, avec sa voix satinée et énigmatique, lui avec son chant acide et glapissant, se partageront les compositions, basées sur les guitares stridentes, le jazz ou le dub, et influencées par Public Image Limited ou The Pop Group.
A force de disputes, Margaret Fielder finira par quitter définitivement le groupe, comme elle y était entrée, c’est-à-dire sur un coup de tête, pour s’en aller former Laïka avec le bassiste John Frenet et Guy Fixen, le producteur de leur premier album, le fondateur « Eva Luna ». David Callahan qui avait monté le projet sur des bases shoegaze (le premier single sorti sur Creation avant que le groupe ne suive le tout jeune label londonien Too Pure, maison de Stereolab et Pram, et se lance dans l’expérimental), après la dissolution de son célébrissime groupe The Wolfounds (dont un titre figure sur la compilation C-86), se retrouve alors seul, publie bien des albums, mais sans que son ton soit aussi mordant qu’auparavant…

Moonshake : First



First de Moonshake

Sortie : 1991
Produit par Guy Fixen
Label : Creation

La formation de Dave Callahan et Margaret Fielder a toujours été portée sur l’étrange et l’expérimentation, ce qui s’en ressent déjà avec ce tout premier EP, sorti en 1991.
On retrouve donc cette tendance quasi-nerveuse à vouloir saboter le rythme binaire pour instaurer en lieu et place une sorte de dub jazzy des plus angoissants. Car Moonshake ne veut pas faire de rock : dès qu’il le peut, il s’en éloigne. En jouant sur le rythme, sur l’instrumentalisation, irritant bien souvent, sur le chant, négligé mais vaporeux, Moonshake définit les bases du post-rock. « Coming », avec ses percussions, sa basse sourde, son chant oriental, ses guitares industrielles, préfigure l’ambiance torturée et extra-terrestre qu’on obtiendra sur l’album « Eva Luna », l’année suivante, même si le chant léger de Margaret fait des ravages (« Hanging ») et que les guitares restent furibondes (le nerveux « Coward »).
Mais les influences sont encore ici très proches de My Bloody Valentine (on n’est pas sur Creation Records pour rien !) comme en témoigne le superbe morceau « Gravity », strié de guitares saturées samplées et ondulantes, dont s’extirpe avec difficulté une voix féminine angélique mais complètement passée sous silence.
La preuve, une fois encore, que le post-rock tire ses origines du shoegaze.
En bonus : une chanson cachée, véritable OVNI. On dirait une sorte de mélange entre ambient, paso doble et dream-pop !

23 juin 2009

Should : Feed like fishes



Feed like fishes de Should

Sortie : 1997
Produit par Mark Ostermeier
Label : World in Music


On a souvent méprisé l’indolence, qu’on a catégorisée comme de la bassesse, un refus ostensible de s’impliquer. Symptôme de la mélancolie, elle était donc considérée comme le signe d’une maladie. Et le pire bien sûr comme une paresse vouée à éviter tout effort et toute implication dans la société. Bref une tendance compulsive de personnes refusant le monde adulte et la part de devoir qui incombent à ceux qui y entrent.
La musique shoegaze de Should, s’il fallait la résumer de façon réductrice, est indolente. Le mot convient parfaitement.
Alors qu’elle pourrait être une adorable ballade, soutenue par un duo de vocalises masculines/féminines de toute beauté, « Sarah Missing » est minée, plombée, par un drone persistant. On retrouve partout de la mollesse, que ce soit dans le rythme de « Aside », dans la langueur des guitares de « Lullen », aussi lentes que dans une berceuse, dans la voix douce et tranquille de « It still would », morceau extraordinaire de volupté, malgré l’apprêté de la production.
Les larsens agressifs ont laissé place à des multitudes couches duveteuses, onctueuses et au velouté agréable. La persistance des saturations accompagnée de ces petites délicatesses que seules les oreilles attentives et disposées seront capables d’apprécier, confère un charme inestimable à des passages évasifs comme « Its pull is slight » ou l’incroyable reprise shoegaze de « Spangle » des Wedding Present.
Et c’est derrière des grésillements constants (comme si la piste était saturée par de la friture) que l’on débusque les mélodies. Car des mélodies, il y en a : elles sont apathiques, modestes, mais bien là. Car l’indolence, en réalité, du moins pour Should, n’est pas une esquive. Mais une protection.
L’indolence se vit sur cet album comme un moyen de se ménager toute peine ; il faut prendre la formule au sens strict. Should refuse d’être attristé. Le groupe va alors élaborer un cocon dans lequel se recroqueviller et se blinder. Les saturations persistantes, loin d’être agressives ou violentes, permettent au contraire de créer une barrière. Barrière qui aura pour rôle d’immuniser les auteurs de la rudesse du monde. Le vrai.

Fiche artiste de Alison's Halo



Alison's Halo

Formé à l'automne 1992 autour de Catherine Cooper (chant et guitare), Adam Cooper (guitare), Lynn Anderson (basse et chant), sans compter bien sûr leur boite à rythme, Alison, le groupe signe son premier single "Dozen" en 1995, qui sortira sur le label culte Independent Project (qui aura tant fait pour la scène Beautiful Noise).

22 juin 2009

Alison's Halo : Eyedazzler



Eyedazzler de Alison's Halo

Sortie : 1997
Produit par Adam et Catherine Cooper
Label : Burnt Hair

Bien qu’il porte le nom donné à leur première boite à rythme, c’est à Catherine Cooper que le groupe doit tout.
Sa voix envoûtante et gracile est à la base du charme de toutes les chansons, qui sont directes, tranchantes et brillantes. Alison’s Halo, au cours de leur début de carrière, entre 1992 et 1996, ont su écrire d’incroyables pop-songs efficaces, fraîches, qui respirent la guitare torsadée et magique, la féminité et la douceur. A titre d’exemples, au hasard, citons l’inoubliable « Melt », l’orage grondant de « Chime », cette voix sublime qui monte dans les nuages sur « Snowbleed », l’arpège extraordinaire de « Torn », la mélodie entraînante de « Sunshy » et tant d’autres.
Catherine Cooper hésite encore entre le chant d’une petite fille et celle d’une femme assumée, ce qui jette un drôle de trouble sur la musique du groupe. Dès lors, on quitte peu à peu le monde de la pop pour se diriger vers celui de la dream-pop, beaucoup plus tortueux, hagard et subversif. Les tempos se font roucoulant, vaporeux, avant qu’à chaque fois ne surviennent des explosions, des feux d’artifices, des myriades de couleurs, des gerbes de guitares, comme autant d’animations féeriques. Guitares éblouissantes et distordues, voix délicieuse et éthérée, batterie tout en roulement, construction schizophrène entre accalmie et orage, échappées bruitistes mais toujours merveilleuses, on n’est jamais surpris mais toujours émerveillé.
Eyedazzler est le genre de recueil qui efface d’un seul coup d’un seul les déceptions rencontrées à chercher la perle au milieu de tous ces groupes passés et oubliés.

12 juin 2009

Passion Fruit and Holy Bread : Crush


Crush de Passion Fruit and Holy Bread

Sortie : 1994
Produit par Steve Lovell
Label : Splendid

S’il suffisait de faire cracher les amplis pour devenir un bon groupe de rock alors tout le monde pourrait le faire. Seulement il faut plus. Et quand bien même Passion Fruit and Holy Bread fait cracher les amplis, il le fait de façon extraordinaire.
Car ce n’est pas tout de bousculer l’auditeur et de le secouer (« Suicide Lifeline »), encore faut-il savoir provoquer des assauts avec talent : les éclairs surviennent de façon syncopées, recouvrant une voix qui se fait plus énergique et vibrante, mais sans pour autant éteindre la justesse incroyable des guitares, magiques et rêveuses.
Signant là des tubes imparables, notamment « Crush », leur plus grand succès, Passion Fruit and Holy Bread fait preuve d’un sens de l’écriture inouïe : voilà que ce titre, simpliste, typiquement british, presque Brit-Pop avant l’heure, facile et efficace, se voit recouvert entièrement de guitares saturées, tandis que Sam Hazeldine se contente de faire des « nananana…. », narquois et nonchalant. Le songwriting de ce groupe reste frais, juvénile, voire même ambitieux, mais il demeure splendide.
A l’instar du beau « Sure as fate », où le groupe laisse voire une facette plus douce : guitares sèches Vs saturées, mélodie plus sucrée, voix plus suaves, violons de sortie, un vrai délice !
Savoir que ce miraculeux single fut également leur dernier arrache beaucoup de regrets : que serait devenu ce groupe si il avait continué ? A l’écoute de ces titres mordant et engageant, comme engagés du reste, on pensait que le monde leur tendait les bras…

Fiche artiste de The Autumns



The Autumns

Repéré par le label Risk Records, The Autumns pu ainsi sortir un premier EP : « Suicide at Strell Park », puis un premier album, le superbe et inespéré « The Angel Pool » en 1997. Le groupe s’envola alors pour Londres afin d’y enregistrer un deuxième album, avec Simon Raymonde, des Cocteau Twins, aux manettes, ce dernier s’étant entiché du groupe.
« In the russed gold of this vain hour » leur permit d’avoir une audience plus large, via la diffusion des singles sur MTV, une couverture sur le LA Time, et une interview au sein de la radio locale KROQ. Seulement, quelque temps après, Risk Records du mettre la clé sous la porte, laissant The Autumns livré à eux-mêmes. Ce qui ne les empêcha pas de persister.
Heureusement du reste, puisque le groupe continue aujourd’hui de sortir des albums, toujours aussi particuliers et merveilleux, sur le label culte Bella Union. 

Fiche artiste de Blueshift Signal



Blueshift Signal

La carrière de Blueshift Signal a été plutôt chaotique. Formé en 1993 par les frères Ron Kuba et Mike Kuba, le groupe évoluait d’abord sous le nom de Grace Mansion, en compagnie du batteur David Carpenter et du bassiste Kip. Après avoir répondu à une petite annonce, Jay Bouchard remplacera Kip qui était parti. La formation prendra alors le nom de Blueshift Signal.
A l’automne 1994, le groupe de Providence (Rhode Island) enregistre l’album "Seven Natural Scenes", dont le titre « Halo » sera placé sur la compilation du label Bedazzled, « Woke Up Smiling ».
Peu après David Carpenter laissa le soin à Ron et Jay de s’occuper tout seul de la suite de la musique. Le duo finit alors les sessions d’enregistrements, de ce qui deviendra plus tard le maxi « Surround ».
John Orsi rejoint le groupe après des correspondances avec Ron. Les concerts étrennant le matériel extrait de « Surround » permirent au trio de travailler leur son unique : chatoyant, velouté et éthéré. Ensuite le travail prendra la forme d’un nouvel enregistrement : « The Waterside », paru en 1996, toujours sur Bedazzled, le label gothique
Mais alors que l’année suivante, le groupe était en tournée pour présenter son album, quelque part au nord du Massachusetts, Ron décida de partir pour d’autres expériences, laissant le soin à Jay et John de continuer le groupe. Mais Blueshift Signal n’aura guère plus d’existence, le duo préféreront rebondir sous le nom d’Overflower.

9 juin 2009

Fiche artiste de Windy and Carl



Windy and Carl

A croire que finalement le shoegazing se résume à une affaire de couple : Carl Huntgen et Windy Weber se lancent à partir de 1993 dans la réalisation d’une musique particulièrement ambient, à base de samples et de boucles de guitares saturées.
Ils enregistrent eux-même leur premier essai, « Portal », sur une cassette qui sortira sur leur propre label Blue Flea, puis plus tard en 1995 sur Badabing Records. Leur style est plutôt difficile à définir car il reste très minimaliste, évoquant tour à tour les expérimentations de Brian Eno ou des Cocteau Twins, comme la musique moderne, tout en se basant sur de longues nappes sonores et rêveuses.
Depuis, ce duo natif de Dearborn dans le Mischigan, continue de sortir albums, split, titres expérimentaux, pour le plus grand plaisir des amateurs de musique aérienne.

Fiche artiste de Furry Things



Furry Things

Furry Things est un autre groupe de la scène prolifique de Los Angeles (Medicine, The Rosemarys, The Autumns etc…), formé en 1993 suite à la rencontre entre Ken Gibson et Cathy Shive lors d’une rave partie.
Ils commencent alors à enregistrer des chansons sur une 4-pistes avant d’être rejoint par le batteur Charlie Woodburn et le clavieriste Chris Mickeals, ce qui leur permit d’avoir plus de crédibilité et de poid au moment de la signature sur le label californien Transe Syndicate. Ce dernier leur offrit la possibilité de sortir leur premier album « The Big Saturday Illusion », sorte d’hommage à Kevin Shield comme à Brian Wilson.
Par la suite les expérimentations se tournèrent vers l’electro et l’ambient, sur les traces de Brian Eno, encore une fois une filiation empruntée par des artistes shoegaze.