23 juin 2009

Should : Feed like fishes



Feed like fishes de Should

Sortie : 1997
Produit par Mark Ostermeier
Label : World in Music


On a souvent méprisé l’indolence, qu’on a catégorisée comme de la bassesse, un refus ostensible de s’impliquer. Symptôme de la mélancolie, elle était donc considérée comme le signe d’une maladie. Et le pire bien sûr comme une paresse vouée à éviter tout effort et toute implication dans la société. Bref une tendance compulsive de personnes refusant le monde adulte et la part de devoir qui incombent à ceux qui y entrent.
La musique shoegaze de Should, s’il fallait la résumer de façon réductrice, est indolente. Le mot convient parfaitement.
Alors qu’elle pourrait être une adorable ballade, soutenue par un duo de vocalises masculines/féminines de toute beauté, « Sarah Missing » est minée, plombée, par un drone persistant. On retrouve partout de la mollesse, que ce soit dans le rythme de « Aside », dans la langueur des guitares de « Lullen », aussi lentes que dans une berceuse, dans la voix douce et tranquille de « It still would », morceau extraordinaire de volupté, malgré l’apprêté de la production.
Les larsens agressifs ont laissé place à des multitudes couches duveteuses, onctueuses et au velouté agréable. La persistance des saturations accompagnée de ces petites délicatesses que seules les oreilles attentives et disposées seront capables d’apprécier, confère un charme inestimable à des passages évasifs comme « Its pull is slight » ou l’incroyable reprise shoegaze de « Spangle » des Wedding Present.
Et c’est derrière des grésillements constants (comme si la piste était saturée par de la friture) que l’on débusque les mélodies. Car des mélodies, il y en a : elles sont apathiques, modestes, mais bien là. Car l’indolence, en réalité, du moins pour Should, n’est pas une esquive. Mais une protection.
L’indolence se vit sur cet album comme un moyen de se ménager toute peine ; il faut prendre la formule au sens strict. Should refuse d’être attristé. Le groupe va alors élaborer un cocon dans lequel se recroqueviller et se blinder. Les saturations persistantes, loin d’être agressives ou violentes, permettent au contraire de créer une barrière. Barrière qui aura pour rôle d’immuniser les auteurs de la rudesse du monde. Le vrai.

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