6 juin 2008

Slowdive : Blue Day

Blue Day de Slowdive

Date : 1992
Produit par Chris Hufford
Label : Creation

Pour patienter avant la sortie du deuxième album, Creation a la bonne idée de regrouper sur cette compilation les premiers singles du groupe, alors qu'ils n'étaient encore que des adolescents. Ce qui est frappant avec ces premières chansons de Slowdive, c’est leur maturité étonnante. Les membres ont beau être extrêmement jeunes au moment de leurs écritures, c’est comme s’ils étaient vieux, du haut de leurs expériences, pleins de sagesse et légèrement désabusés. Neil Halstead chante doucement, de façon si posée, que tout ce qu’il susurre apparaît dramatique et solennel. Et autour de lui, il n’y a plus de couplet ou de refrain, mais que des nappes de guitares, des coulées et des nuages filandreux, appuyés par une batterie imperturbable et des tambourins flegmatiques (« Morningrise »).
Slowdive a depuis longtemps quitté les petitesses du monde du rock, ils en sont loin et préfèrent s’adonner à l’abandon. Le groupe construit un mur du son tout simplement confondant de densité, à base de réverb et de saturations, des effets sonores qui se recouvrent les unes aux autres, tandis que la basse et la batterie maintiennent une gravité d’ensemble (« She calls »). 
Les membres de Slowdive, pourtant gamins, restent imperturbables sous le feu de leurs distorsions (l’imposant et magnifique « Slowdive »), où les guitares résonnent dans ce brouhaha lyrique pour un constat nourri de regret. Neil Halstead et Rachel Goswell chantent tous deux de façon à ce que leurs voix angéliques se mélangent, lentement et suavement. 
Les derniers morceaux tirent encore plus vers l’abstraction. Encore plus lentes, ils utilisent les guitares comme des nappes sonores féériques, éthérées et cotonneuses (« Albatross » ou « Golden Hair »), qui préfigurent ce que le groupe fera avec son premier album. Mais il est stupéfiant de constater, qu’en réalité, de nombreux groupes bien des années plus tard vont sonner comme ces premiers singles, reposées et aériens, à l’influence insoupçonnée.

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