10 juillet 2009

Fiche artiste de Passion Fruit and Holy Bread


Passion Fruit and Holy Bread

Nommé d’après les paroles de « She’s bang the drum » des Stones Roses, le groupe est avant celui de Sam Hazeldine, forte tête et belle gueule, originaire de Manchester (comme par hasard…).
Après avoir écumé pas mal de bars, notamment avec les Lemmings entre 1991 et 1993, Passion Fruit and Holy Bread réussit à obtenir un deal avec Splendid Records. Deux singles en sortiront : tout d’abord « Jonas was swallowed by a big fish », puis « Crush », véritable succès, qui leur ouvriront bien des portes. Habitué au Falcon, lieu de certaines prestations mythiques de leur part, dans un style bien à eux : rock/dance/shoegaze, la formation finira par jouer au célèbre Astoria et à faire une apparition au cours de l’émission The Beat, présenté par Gary Crowley sur ITV.
Mais on en restera là pour le groupe, du moins en tant que Passion Fruit and Holy Bread, puisque la plupart des membres se retrouveront au sein de Mover. Aujourd’hui Sam Hazeldine, désormais acteur, est connu pour avoir jouer dans plusieurs films et séries.

Passion Fruit and Holy Bread : Jonah



Jonah de Passion Fruit and Holy Bread

Sortie : 1993
Produit par Steve Lovell
Label : Splendid


Premier single de ce groupe anglais qui n’a malheureusement fait qu’un passage éclair dans le monde du shoegaze.
Il faut dire qu’avec "Jonah was swallowed by a big fish" (quel titre !) et ses guitares funky et dignes de l’univers des boites de nuit, Passion Fruit and Holy Bread détone ! Mais cela est sans compter la voix superbe de Sam Hazeldine qui semble survoler la chanson avec une morgue et une douceur incroyable. Mine de rien, il y a une sacrée dose de magie dans l’univers dansant et rythmé du groupe.
Le deuxième morceau, « Arise », est beaucoup plus rock n’roll dans l’esprit et donc dans les guitares. C’est au milieu d’un brouhaha de guitares, que Sam fait l’étalage de sa superbe voix, d’abord engagée, savoureuse par moment, puis plus forcée et plus écorchée sur un final lâché tambour battant !
Mais c’est sur « Sky » que le groupe signe un pur chef-d’œuvre, de ceux que l’on a oublié, négligé, perdu qu’ils étaient au milieu de toutes les productions de l’époque. Basé sur un rythme entêtant et indolent, quelques guitares célestes font irruption, tout en faisant bien attention à ne pas perturber l’ambiance cool et groovy instaurée, qui glisse petit à petit vers le merveilleux à mesure que les chœurs se dédoublent et que les claviers rentrent en scène. Lorsque la chanson s’érode et se termine sur des samples de violons, quelques notes de piano, un nuage de saturations, avec pour arrière-fond toujours ce même rythme depuis le début, qui prend alors une autre consistance, on reste complètement béas, à regretter que cela doive prendre fin.

Fiche artiste de Colorfactory


Colorfactory

Entouré de quelques musiciens des Sebatians ou de Ecstasy of Saint Theresa, Colin Stuart a adapté les anciennes chansons du répértoire de Colorfactory pour sonner de manière doucereuse et mélancolique. Ces dernières ont connu un succès populaire innatendu puisqu'elles ont été reprises pour la BO d'un film.
Le projet aura enfanté de deux albums, un éponyme en 96, puis "Second Infinity" en 1999, et aura compris en son sein divers musiciens tchèques, comme Ivo Heger, Noel Le Bon, Krystof Bartosek ou encore Theresa Nekudova.

4 juillet 2009

Fiche artiste de Should



Should

Le label Words on Music est aussi méconnu que son catalogue (restreint cependant) est prestigieux : Coastal, The Meeting Places, Fiel Garvie, Lorna, For Against etc… Il s’est spécialisé dans l’indie pop et le shoegaze.
Une des premières signatures fut le groupe Should, dont il sortit le premier album en 1997, « Feed like fishes », même si celui-ci avait déjà sorti quelques singles auparavant.
En effet, formé dès 1988 par les deux frères Eric et Marc Ostermeier, le groupe originaire d’Austin (Texas), joue d’abord dans une veine pop, à l’aide de clavier, et sort quelques cassettes, sous le nom de Shift : d’abord un éponyme en 1989, puis « Intact » l’année d’après, « Gripping a Cup » et « Big Closed Eye », tout deux en 1992. L’arrivée de la chanteuse Tanya Maud va changer la donne et réorienter le style vers un mélange entre le shoegaze de Lilys et le slowcore de Opal. Shift signe alors sur le label texan « ND » et publie un mini-album de sept titres.
Après un single en 1997, toujours sur ND, Words on Music leur propose de sortir un premier album. Le groupe change de nom pour Should mais consèrve sa ligne-up d’origine. « Feed Like Fishes » reçoit un bon accueil dans la presse, et un autre single suit, intitulé « Five Forty Five » en 2000.
Mais Marc Ostermeier préfère se consacrer davantage à son autre projet, Motion Picture, se qui réduit les activités et les publications de Should. Fort heureusement, Word on Music a eu la bonne idée de rééditer les premiers maxis, agrémentés de quelques inédits circa 1995-96.

Should : A Folding Sieve


A Folding Sieve de Should

Sortie : 1995
Produit par Marc Ostermeier
Label : ND / Words on Music


Les débuts du groupe, à l’époque où il s’appelait encore Shift, sont très étranges et plutôt nébuleux. On ne peut pas vraiment dire qu’il soit fécond en signaux.
Globalement la production est pesante, transformant les guitares en grésillement permanent, comme des drones recouvrant et ronronnant. A titre d’exemple, « Feels like morning » (qui porte bien son nom) est particulièrement lourd et paresseux. Quant à « Resonate », on y retrouve une ambiance industrielle. Ce qui n’empêche pas de sublimes voix douces de se faire entendre, comme sur le magnifique et monolithique « Clean », qui devient de plus en plus terrible à mesure qu’il avance, ou sur le planant « Pulling ».
La première chanson, elle, est encore plus difficile d’accès. « Rolling » s’ouvre sur un piano qui semble surgir de loin, avant qu’un drôle de clavier ne fasse irruption pour pondre quelques notes éparses mais envoûtantes. Extrêmement lent et surtout minimaliste, ce morceau instaure une atmosphère à la fois délicate (en témoigne le chant vaporeux mais plaintif) et troublante.
Par la suite, sur « Breathe Salt », Should dévoile les prémices de son talent à conjuguer ses voix féminines et masculines d’une incroyable suavité au service de couvertures de drones et de saturations, pataudes, stables et pourtant enivrantes.
En 2002, Words on Music décide de rééditer l’album en doublant le nombre de chansons, ce qui permet de découvrir par exemple l’étonnant « Soothed », dont la beauté et la lourdeur rappelle ce que pourra faire plus tard Justin Throadwak avec Jesu, ou encore « Singe », laconique et rêveur. A noter que ces bonus comprennent deux reprises étonnantes : tout d’abord « Own Two Feet » des trop méconnus néo-zélandais Jean-Paul Sartre Experience, puis ensuite, et surtout, l’extraordinaire « Merge » du groupe culte 18th Done, morceau superbe, nonchalant, saturé mais plein de grâce.

1 juillet 2009

Colorfactory : Colorfactory



Colorfactory
Sortie : 1996
Produit par Colin Stuart
Label : Monitor


Un tel regroupement d’artistes shoegaze, tous issu de la scène tchèque, pourrait laisser croire à un déluge de guitares, pourtant, avec Colorfactory, c’est tout le contraire.
C'est avec stupeur qu'on se lance à l'écoute de ces guitares acoustiques qui dessinent et tracent des arabesques qui s'évaporent aussitôt, dans une ambiance de barbe à papas (« Gauguin »). Les membres de Colorfactory paraissent user de moyens si fragiles que c'est à peine si la batterie fait son apparition (« Candy Cane »). De simples guitares sèches sont là pour tisser un voile filamenteux où vient se déposer une voix toute douce et toute douce, car il n'y a guère d'autres mots pour désigner le degré de légèreté de David Volenec, l’ex-chanteur des Sebastians, parfois aidé en chœur par Colin Stuart ou Jan P Muchow.
La musique est anorexique, le chant timide et freluquet, les accords rudimentaires à la guitare, ponctués de temps en temps par une section rythmique, presque honteuse de faire trop de bruit, et surtout on observe une aspiration à une ambiance innocente et romantique au possible, presque paresseuse. Tout ceci rend Colorfactory soporifique. Mais pas au sens péjoratif du terme : cette musique accompagne à merveille la lente et douce dérive de la flânerie (« Paris », presque innocent et à fredonner).
Les effets fragiles, presque transparents tellement ils ont l'air de ne pas s'imposer, adoucissent l'atmosphère et l'on voyage au sein de chansonnettes charmantes. A la recherche de la chanson la plus suave possible, Colin Stuart livre ici des romances un poil désespérées, laconiques (« If you knew »), mais surtout extrêmement duveteuses et douillettes comme des plumes ou des oreillers de cotons (l’évanescent « Kiajaroovah »). Beauté étrange, car toujours décalée, mais porté par un halo de lumière sincère (le déchirant « Behold » et son ‘’and you know you got to go’’). Entre accent pop, guitares sèches et voix exquises, Colin Stuart et ses invités ne cessent de jongler, obnubilés à trouver l'harmonie juste, l'ambiance la plus adorable possible, les arrangements les plus modestement surprenant.

Car mine de rien, les timides ont beaucoup de choses à dire.