1 juillet 2009

Colorfactory : Colorfactory



Colorfactory
Sortie : 1996
Produit par Colin Stuart
Label : Monitor


Un tel regroupement d’artistes shoegaze, tous issu de la scène tchèque, pourrait laisser croire à un déluge de guitares, pourtant, avec Colorfactory, c’est tout le contraire.
C'est avec stupeur qu'on se lance à l'écoute de ces guitares acoustiques qui dessinent et tracent des arabesques qui s'évaporent aussitôt, dans une ambiance de barbe à papas (« Gauguin »). Les membres de Colorfactory paraissent user de moyens si fragiles que c'est à peine si la batterie fait son apparition (« Candy Cane »). De simples guitares sèches sont là pour tisser un voile filamenteux où vient se déposer une voix toute douce et toute douce, car il n'y a guère d'autres mots pour désigner le degré de légèreté de David Volenec, l’ex-chanteur des Sebastians, parfois aidé en chœur par Colin Stuart ou Jan P Muchow.
La musique est anorexique, le chant timide et freluquet, les accords rudimentaires à la guitare, ponctués de temps en temps par une section rythmique, presque honteuse de faire trop de bruit, et surtout on observe une aspiration à une ambiance innocente et romantique au possible, presque paresseuse. Tout ceci rend Colorfactory soporifique. Mais pas au sens péjoratif du terme : cette musique accompagne à merveille la lente et douce dérive de la flânerie (« Paris », presque innocent et à fredonner).
Les effets fragiles, presque transparents tellement ils ont l'air de ne pas s'imposer, adoucissent l'atmosphère et l'on voyage au sein de chansonnettes charmantes. A la recherche de la chanson la plus suave possible, Colin Stuart livre ici des romances un poil désespérées, laconiques (« If you knew »), mais surtout extrêmement duveteuses et douillettes comme des plumes ou des oreillers de cotons (l’évanescent « Kiajaroovah »). Beauté étrange, car toujours décalée, mais porté par un halo de lumière sincère (le déchirant « Behold » et son ‘’and you know you got to go’’). Entre accent pop, guitares sèches et voix exquises, Colin Stuart et ses invités ne cessent de jongler, obnubilés à trouver l'harmonie juste, l'ambiance la plus adorable possible, les arrangements les plus modestement surprenant.

Car mine de rien, les timides ont beaucoup de choses à dire.

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