28 septembre 2010

Straitjacket Fits : Melt


Melt de Straitjacket Fits

Coup de coeur ! 

Sortie : 1990
Produit par Gavin McKillop
Label : Flying Nun

Straitjacket Fits, le groupe culte de Nouvelle-Zélande, est avant tout mené par deux hommes, Sayne Carter et Andrew Brough, qui chacun est à la composition. Frères ennemis, leurs styles s’opposent tout comme ils doivent se servir l’un de l’autre pour se sublimer. C’est de cette relation ambivalente, très tendue, qu’est né Melt, sans conteste leur meilleur album, le plus travaillé, celui où malgré les divergences, chacun va permettre à l’autre de trouver sa place. Le duo est des plus classiques, et évoque tant d’histoires, connues comme oubliées, dans l’histoire tumultueuse des groupes : l’un est pop (ce sera Andrew Brough), l’autre est rock (ce sera Sayne Carter). De cette contradiction naîtra pourtant une des plus belles synergies. La grâce des mélodies et des chants, vaporeux ou langoureux, se verra renforcée par un tempo plein d’allant et des guitares vives, pleine de morgue et rappelant un esprit tout ce qu’il y a d’indie pop, dans la plus pure tradition du pays et du fameux Dunedin Sound.
Les guitares de Carter tourbillonnent, se font souvent saturées, avec un son tout aussi brouillon que magique, s’affolant parfois en des solos distordus et lunaires, appuyant son chant mordant (« Headwin »), arrogant et lâché entre les dents, tandis que le sens inné pour les déviances pop et féeriques, les ajouts de guitares sèches et les voix ouatées, délicates et sexy de Brough, sublimeront l’ensemble (« Down in the splendor », tout simplement superbe, probablement leur plus belle chanson). A l’origine du ténébreux « Skin to wear » (quelle ligne de guitare !), on trouvera la patte de Sayne Carter, mais à l’origine des voix et des chœurs doucereux, il y a sans conteste l’ajout de Brough, de même pour la guitare sèche discrète qui arrive à la fin, enrichissant ainsi la chanson et lui donnant un style que seul Straitjacket Fits possède et qui ne sera pas pour rien dans celui de Swervedriver plus tard. Il suffit d’écouter le romantique « Hand in mine » pour comprendre.
Ces deux forces d’écritures permettront d’écrire quelques unes des plus belles compositions tout aussi rock n’roll que psychédéliques. A ce titre, « Bad note for a heart » et son incroyable virement de cap au milieu de la chanson où après un début noir et brouillé, la musique s’ouvre en un étalage lumineux de forces, de merveilles dédoublées et de guitares lunaires, une vraie mine riche et travaillée. C’est d’un tumulte saturé, vigoureux, qu’émerge, comme sortis des fumées, des affres lunatiques de la musique, une voix marquée par le psychédélisme (« A.P.S »), et c’est d’une vague féerique, que parviennent à nos oreilles ces chants soufflés comme des arias magnifiques (« Melt again yourself »). Alourdi par des caisses frappées avec force et détermination et zébré de long en large par des guitares électriques, distordues sorties du lointain et métalliques, « Such a daze » sera pourtant une ballade magique, avec derrière ces saturations, un chant des plus savoureux, doux et plusieurs fois doublé de chœurs.
C’est doux, c’est dur, c’est noir, c’est lumineux, tout ceci se mélange et se confond, parfois dans la même chanson (le final « Cast Stone », crescendo de défoncés, se passe de tout commentaire, il suffit de se référer aux frissons qu’il procure pour comprendre), prouvant que les deux compositeurs sont ici à leur sommet, tant tout est d’une maîtrise incroyable. Andrew Brough et Sayne Carter signent là avec Melt un pur bijou, une merveille de la scène de Dunedin et de Flying Nun Records, ancré dans l’indie pop, le psychédélisme et le shoegaze de l’époque, style que malheureusement on aura du mal à retrouver par la suite.

26 septembre 2010

Fiche artiste de Nyack


Nyack

Après une série de concerts en première partie de Velocity Girl ou de Medicine, les démos de Aenone finissent par tomber aux oreilles du producteur Steve Ferrara qui venait tout juste de monter son label anglais Echo.
Craig Sterns, Kim Collister, Bill Stair et Steve Crowley s’envolent alors pour Londres et rejoignent leur producteur ainsi que Alan Moulder au mixage. Après avoir été forcé de changer de nom (Nyack sera choisi en référence aux quartiers de New-York dont ils sont tous originaires), ils enregistrent alors tout d’abord un single, "Savage Smile", qui est une reprise d’une ancienne chanson de l’époque d’Aenone, puis un premier album, « 11 Track Player ». La pochette n’est pas sans évoquer celle de Zipgun. L’album voit la musique du groupe hésiter entre le shoegaze des débuts et un entrain power-pop. Mais malgré une bonne presse, de multiples concerts au CBGB’s et des premières parties pour la tournée de Sleeper, les ventes sont maigres, obligeant les musiciens de Nyack à revenir sous un autre nom, dès 1997, à savoir Fork.

Nyack : 11 Track Player


11 Track Player de NyackSortie : 1995
Produit par Steve Ferrara
Label : Echo


Nouveau nom et nouvel album pour les jeunes de New-York qui en profitent pour revenir plein d’allant et d’envie. Mené par un train d’enfer par le charismatique Craig Sterns, sorte de dandy élégant et glamour, ils pratiquent une musique avenante. « Lost in you » ou « Knuck » confirment ce retour punchy. Un style qui se rapproche finalement pas mal des Posies ou des Foo Fighters.
Des bons petits morceaux accrocheurs, emballants sans être excitants, aux guitares light, au son tout juste ce qu’il faut de saturé mais jamais trop, limpide et sans aspérité.
On pourra toujours discuter de cette production, hyper lisse, dont surtout rien ne dépasse, qui ajuste un tempo suffisamment alangui et énergique pour ne pas faire de vagues, ou qui met en lumière un chant tout ce qu’il y a de plus romantique, sous fond de grosses guitares, dans la pure lignée power-pop américaine, mais il n’empêche qu’il y a de sacrés mélodies.
Car c’est tout de même le point fort de Nyack et sur ce terrain, le groupe n’a rien à envier aux autres formations plus connues et au plus grand succès.
Dans un credo « ballade à grosses guitares saturées », le groupe excelle, notamment dans la deuxième moitié de l’album, où à partir de là, le rythme lent, les voix adoucies et légères, un poil lyrique, mais chevrotantes, les dédoublements, les guitares lourdes et saturées, font absolument merveille ! L'extraordinaire « I remember red », par exemple, le passionné « Evergreen » ou le lent « Sepia » sont des petits bijoux shoegaze qu’il est bon de savourer. Il n’y a pas à dire, c’est dans le shoegaze que le groupe joue le mieux, et c’est là que le charme de Craig Sterns s’exerce à plein, dans ses souffles et ses séductions en douceur.
Et puis il y a aussi « Summersleeper », ses guitares sèches et ses violons avec ces nuages de saturations, qui est une curiosité romantique à découvrir !