27 mars 2011

In Motion : The language of everyday life


The language of everyday life de In Motion

Sortie : 1994
Produit par Paul Doyle
Label : Dead Elvis

A l'époque, le label de Dublin (aujourd'hui disparu) n'avait sorti que 1000 exemplaires de ce vinyl, faute de moyens pour offrir davantage. Et on ne peut pas vraiment l'en blamer ; qui oserait prendre autant de risque pour une telle pop si confidentielle ?
Cet unique album de In Motion a ensuite été réédité, corrigeant ainsi les défauts légitimes de production (on avait l'impression d'écouter une démo) et rendant enfin service à ce son si sublime, travaillé et regorgeant de détails. C'est une chance inespérée de sauver de l'oubli ces chansons tellement à part. De vraies bulles de savon, qui se démarquent totalement des productions majoritaires dans les années 90. Ce qui touche, c'est cette candeur poétique, léchant et caressant toutes ces démonstrations de splendeurs alambiquées et reposées. Une adorable naïveté qui va pousser le groupe à aborder des territoires habituellement abandonnés, marqués par la lascivité, la finesse, une certaine forme de dorure. Pourtant, il n'y a aucune ambition et guère de procédés. Les chemins empruntées par les guitares rélèvent davantage de l'emphase.
C'est plutôt ralenti, atmosphérique et luxueux. Le rythme très lent de "Splitting the seams" indique que ce romantisme est avant tout celui des sans-grades, ces êtres esseulés, compris seulement d'eux-mêmes, cynisme que va souligner un harmonica languissant derrière des saturations, grondant comme un tonnerre au loin. Les guitares sont réveuses, lunatiques, s'oublient parfois et vont de ci, de là, jouant les filles de l'air. C'est proche de l'ascétisme mais cela possède un charme absolu lorsqu'on veut bien s'y laisser prendre. "Honey sweet soul" évoque à ce titre Felt, le groupe de Lawrence, sur son album "The Splendour of Fear", composé essentiellement d'instrumentaux soignés et vaporeux. Jamais avec une note qui dépasse une autre, ces titres ne pressent pas le tempo, se laissent aller à la légèreté et n'hésitent pas une seule seconde à se vautrer dans les douceurs exquises de l'innocence sublimée. La léthargie qui prévaut tisse une atmosphère assez lancinante mais riches en arpèges zephiriennes. "When will you come back", au rythme tranquille, invite un piano et une flûte, avant que des guitares ne viennent se perdre dans un solo romantique.
Sur la deuxième face du vinyle, le ton change, le tempo est plus rapide, les guitares plus punchy, les saturations plus présentes, et ce dès "Hollow Blow", emporté, vif, mais toujours très racé. Un vrai tourbillon chaleureux, emportant avec lui des voix douces et soufflées. Ces titres ont en fait été écrits un an auparavant lorsque le groupe écumait les bars. "In Daylight" est un superbe morceau aux guitares élégiaques, spatiales et raffinés, couplées à un rythme souple et des voix complètement ouatée. On sent que sur cette moitiée de l'album, la fenêtre a été ouverte, pour laisser rentrer plus de lumière. La pop de In Motion se réchauffe alors quelque peu, c'est plus chaloupée, ça part vers le haut, usant davantage d'accords majeurs, et les voix se font plus ampoulées. On distingue même de chaleureux cuivres au cours de "Five and twenty thousand days".
L'album se termine sur une note positive, un certain entrain innocent et revigorant. "Filter" est une chanson rock à plus d'un titre. Au-delà des guitares qui s'emballent dans tous les sens, les vocalises mielleuses deviennent emphatiques et la structure s'embrouille dans une joyeuse démonstration de fougue adolescente.

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