27 juin 2011

Fiche artiste de The Lavender Faction


The Lavender Faction


La légende veut que ce soit le premier single de The Lavender Faction qui ait donné son nom à Ride. Mais tout est parti d’une mauvaise blague.
Comme le raconte Geoff Suggett : « Cette fausse rumeur provient d’un type sans scrupule qui voulait se promouvoir, c'est-à-dire moi, après une furieuse prise d’acides, dans la chambre de Stephen Maughan. J’étais en train de raconter mon voyage à Oxford où j’avais rencontré quatre gars qui étaient dans un groupe, et qui avaient vu notre concert et écouté notre single, avaient décidés de s’appeler « Ride ». Comme Stephen était encore stone, il m’a cru sur parole et l’a écrit plus tard dans son fanzine. ».
Il n’empêche que le fanzine de Stephen Maughan n’était autre que le célèbre This Almighty Pop ! qui a énormément fait pour promouvoir l’indie pop au début des années 90. En plus de son propre groupe (Bulldozer Crash), il a permis à pas mal de petits groupes de se faire un nom. D’ailleurs, Geoff et lui étant très amis, c’est lui qui les a présentés à Steve Woosh. Sans s’en rendre compte, The Lavender Faction allait prendre part à la scène shoegaze de Newcastle, très active et très représentative du rock indépendant, ne subsistant que grâce aux concerts dans les pubs, les flexidiscs ou les fanzines comme This Almighty Pop !

Et si pour de nombreuses personnes, cette scène est aujourd’hui oubliée, elle n’en demeure pas moins un authentique exemple de l’esprit festif qui régnait là-bas, du moins dans les bars et clubs, comme le Woosh Club, bastion indie et shoegaze. D’autant que pour la plupart, aucun des groupes ne se rendait compte qu’il contribuait à faire émerger un nouveau mouvement, le shoegaze, très peu en vogue et loin d’être connu encore. « Pour être honnête, avoue Goeff
, je n’étais pas au courant d’une telle salle comme le Woosh Club, seul le fanzine était en vente chez mon disquaire préféré de Newcastle, « Volume Records ». Mais j’en ai jamais acheté un exemplaire. Puis j’ai eu la chance de rencontrer Stephen Maughan qui a parlé de nous à Steve Woosh et lui a même envoyé une démo. Steve a apprécié nos chansons et s’est présenté à un de nos concerts. Cette nuit-là, il nous a demandé si on voulait bien enregistrer le premier single de son nouveau label « Lust Recordings ». Peu de temps après, le « Woosh Club » est devenu le « Lust Club », où on est devenu vite des réguliers, soit pour jouer, soit pour voir des groupes comme Feral, St James Infirmary, The Keatons, The Sunflowers.»

Goeff Suggett (voix et guitar), Tony Pickering (guitare), Andy Lee (basse) et Marc Patterson (qui a vite remplacé Jeff Macallum à la batterie), qui pourtant se sont rencontrés sur un coup de tête, ont fini par devenir les têtes de file du mythique catalogue Lust Records : avec à son actif, de nombreux singles, « In my mind », « Four riff for Joe » (dédié à leur roadie, du même nom) ou le fameux « Ride », des splits avec The Gravy Train ou St James Infirmary, et bien sûr de nombreux lives dans les bars bondés de Newcastle, voire même des sessions chez John Peel. « Mon souvenir des enregistrements, confie Geoff, c’est que c’était à la fois une partie de rigolade, et aussi une sacrée douleur dans le cul. Bien que le groupe fonctionnait plutôt de manière démocratique, les décisions finales finissaient toujours pas incomber à Tony ou à moi, surtout au sujet de l’importance d’un instrument, mais en général, ça se passait bien, et entendre une chanson qu’on avait nous même produite, passer chez John Peel, est une des choses les plus cool qu’il soit ».
Seulement, les sollicitations vont devenir de plus en plus grandes, loin des premiers soubresauts, jusqu’à phagocyter leur motivation : « on a tourné énormément, notamment avec Swervedriver, The Weeding Present, Buffalo Tom, il fallait répondre aux appels des magasines et des fanzines, mais Tony n’avait pas assez d’estomac pour encaisser tout ça, et on a fini par se séparer. »
Fin de l’histoire brutale (pas d’album enregistré tout de même !) pour ce groupe essentiel, qui aura lancé le shoegaze de manière confidentielle, dans l’intimité des bars de Newcastle, en compagnie de Feral et Aspidistra, et entre deux pintes de bières.

Interview de Geoff Suggett pour Cloudberry.

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