24 septembre 2011

Beatnik Filmstars : Themes from foreverdrone EP




Themes from foreverdrone EP de Beatnik Filmstars

Sortie : 1992
Produit par Beatnik Filmstars
Label : Vinyl Japan

Cela risque de surprendre pas mal d’amateurs, Beatnik Filmstars étant davantage connu pour avoir signé pas mal de titres pop lo-fi, mais « Themes from foreverdrone », un de leur tout premier EP, comporte quatre titres shoegaze lunaires et bruitistes.
On était en 1992, et avant de signer sur La-Di-Da et de se forger ce style décontracté qui allait les faire devenir culte, Beatnik Filmstars usait de guitares comme s’il s’agissait de créer une ambiance étirée et enfumée.
Le ton chaloupé de sortie de bars une nuit chaude d’été, sur le jazzy « Snowdrifter », la voix soufflée et quelque peu titubante, cette impression de saisir les conséquences d’un trip, le motif répétitif à la guitare qui accompagne le morceau, laissent la place sur une seconde partie, à des guitares bien plus tordues et un rythme plus inquiétant. On retrouve cette restitution de flottement avec des « ah ah ah aaaah » et des réverbs immenses sur le surchargé « 9 or 7 », un peu bizarre, un peu tremblotant, mais frondeur, psychédélique et tissant un mur d’instruments comme un mur d’images lumineuses. La chanson s’arrête et s’égrène sur un léger riff féerique.
Le psychédélisme sera à nouveau de mise, voire davantage revendiqué sur le superbe et paresseux « Moreover », qui se construit autour d’une basse magnifique, laisse entendre des remous dans l’eau, ainsi qu’une respiration d’accroc à la fumette. Cette dérive ostentatoire sera de temps à autres balayée par une déferlante écrasante de guitares saturées. Un morceau très particulier, une retranscription presque fidèle de l’état de trip, très lent mais absolument prenant lorsqu’on s’y plonge.
Peu de gens aujourd’hui ne se souviennent de cet EP lorsqu’il s’agit de reconstituer la discographie de Beatnik Filmstars. On en garde l’image d’un groupe léger, avenant et insouciant. Pourtant à leur début, ils étaient encore confinés dans leurs délires de guitares et de psychédélisme.
Ce qui a donné lieu à des chansons magnifiques de la trempe de « Missed », un de leur tout meilleur morceau, d’ailleurs un des meilleurs titres shoegaze de tous les temps, qui illustre parfaitement toute la symphonie irréelle de ce style. Voilà qu’avec des guitares qui sonnent comme des sirènes, qui dessinent un riff magique répété à l’envie, on touche du doigt un autre monde. Un monde où le rythme se veut emballant, approchant l’infinie, le chant se fait léger, parti dans les hauteurs de l’ecstasy, l’addition des instruments ne se veut aucune limite et aboutit à un mur du son d’une beauté inouïe car on s’envole loin des canons habituels du rock pour aller au-delà et épancher l’ivresse impalpable de la jeunesse.

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