29 avril 2012

Merci à tous les lecteurs !

Voilà ! Il fallait bien une pause !

Cela fait cinq ans, presque jours pour jours, que ce blog existe. Je tenais donc à vous remercier pour votre assiduité et les commentaires que vous avez pu laisser.

Vous pouvez désormais y trouver pléthore de groupes et formations, qui ont tous participé à l'émergence, difficile, du mouvement shoegaze. Aujourd'hui répandu et connu des amateurs de musique indépendante, il est intéressant de connaître ceux qui ont voulu tenter leur chance, parfois dans l'ombre, souvent envers et contre tout, partout dans le monde et à l'aube des années 90.

Le site rassemble maintenant pas mal de chroniques d'albums qui auraient pu être éliminés purement et simplement des radars d'internet. Bien-sûr on ne peut faire le tour des choses et il y a probablement des formations qui me reste à découvrir. Mais il me faut du temps pour prendre du recul et peindre un tableau d'ensemble de tout ceci.

Les posts s'arrêtent donc pour un petit moment. C'est temporaire, rassurez-vous !
Mais le projet premier maintenant est de faire de tout ceci un livre, témoignage sur papier sur le shoegaze. Et cela va prendre du temps. Beaucoup de temps. Soyez patient.

En attendant, musicalement, je vous transmet mes amitiés.

20 avril 2012

Fiche artiste de Mellonta Tauta


Mellonta Tauta

Le couple formé par Leticia Solari et Daniel Lopez Quiroga est à part dans la scène indépendante argentine.
Réduit à l'état de duo après la défection de Augusto Marandi, Mellonta Tauta, formation de Mar del Plata, ne s'est jamais inscrit dans le style du pays. Au contraire, un seul album enregistré en Italie en 1993 (le duo s'était installé à Florence dès 1990), pour des ambiances gothiques et industrielles qui évoque les groupes de 4AD : Swallow, Cocteau Twins, Wolfang Press...
Une vraie curiosité exilée. D'autant que "Sun Fell" sera produit par Hyperium Records, obscur label allemand. Et comme il n'y aura plus rien d'autres par la suite, autant dire que ce duo sexy et étrange a su s'entourer de mystères.

19 avril 2012

Mellonta Tauta : Sun Fell


Sun Fell de Mellonta Tauta

Sortie : 1994
Produit par Paolo Favati
Label : Hyperium Records


Extrêmement étrange que cette musique-là. Envoutante même. On a l’impression d’ailleurs qu’un nouveau monde a été découvert, dont on entendrait les échos et les témoignages fantasmagoriques.
Par bribes soufflés, par râles angéliques et d’une saveur si ténue qu’on en douterait de l’existence, les chants parviennent à nos oreilles, portés par des nuages de vapeurs électriques ou des harmonies glacées. Des arias gothiques aussi légers que merveilleux dont on doit pourtant la manifestation par une utilisation martiale de la batterie, une saturation industrielle des guitares, une déshumanisation du rythme et des riffs, une association tout aussi incongrue que magique de guitares sèches parfois.
Sous des atouts décharnés, robotiques, plutôt noirs, on décèle de manière limpide une préciosité sans égale, une suavité adorable et déstabilisante, évoquant Swallow, groupe maudit de 4AD, ou Love Spirals Downwards et plus encore. Cette part de sensualité au beau milieu de démonstrations froides comme le metal et dense comme des brouillages auditifs, trouble comme il fascine. La musique et l’univers construit par cette formation argentine est impossible à classer. Les racines latines et gauchos apparaissent par moment, combinées à des arabesques et une solennité majestueuse telles que le sublime approche. Une grande fragilité se fait jour, notamment de ces vocalises susurrées et soufflées, qui contraste avec les déferlantes engagées.
Parsemé tout du long de longues distorsions fantomatiques et plaintives, cet album est un magnifique recueil de sanglots gothiques et de triturations de guitares, rendus à ce point inorganiques que c’en est irréel.

15 avril 2012

Fiche artiste de Honey Langstrumpf

Honey Langstrumpf

Diego Aquila (guitare et chant), Julio Mulet (basse et chant), Luis Imperiale (guitare) et Enrique Fernández (batterie) se rassemblent en 1992 à Mallorca pour former Honey Langstrumpf. Ils signent ensuite sur Elefant Records. Ils sont à l’affiche des deux premières éditions du fameux Benicassim Festival avec El Regalo de Silvia, Los Planetas, Silvania, Penelope Trip, Le Mans, La Buena Vida et tant d’autres…

14 avril 2012

Honey Langtrumpf : Honey Langstrumpf


Honey Langstrumpf

Sortie : 1995
Produit par : Toni Noguera
Label : Elefant Records


Le charme de l’innocence qui agit instantanément. Voici ces jeunes, aux rêves pleins la tête, qui veulent signer des compositions alléchantes, d’une tendresse et d’une fausse naïveté touchante.
Cette aspiration à la libération, à la superficialité et au jeu, n’est pourtant jamais aussi savoureuse que lorsqu’elle est viciée par des malversations instrumentales. « Picking on tiptoe » ou « Gift » veulent aller vite, très vite, tout s’emballe alors, la batterie, les grosses guitares et les amplis explosent, tandis que les voix restent éternellement candides. Car la jeunesse, c’est aussi rompre avec les habitudes, n’en faire qu’à sa tête et flirter avec les interdits.
Une génération qui voulait faire de la pop comme les autres mais qui voulait aussi tout saccager et tout pervertir. Pour ne pas faire comme les autres. Une attitude typiquement adolescente, dont les membres de Honey Langstrumpf ont du mal à se départir. Mais qui rend leur musique si intéressante. Le premier titre, « Mostaza », propose un riff diabolique, qui va accompagner des grosses guitares saturées et un chant évanescent, funambule et hypnotique. Génial.
Cet album éponyme aligne un impressionnant florilège s’écoutant la tête reposée sur l’herbe, les yeux mi-clos et une brise sur les joues, l’attitude mi-poète, mi-hébétée. On succombe devant les violons de « Only Shallow », plus calme, plus mélancolique. Ou devant la tristesse affichée des guitares sèches de « Empty », en fermeture de l’album, titre saupoudré de vocalises béates et mielleuses.
Il suffit d’écouter la majesté de « Dream », déluge racé de saturations, ou le mid-tempo inouï de « Uneasy ». Imparable de simplicité et d’évidence. Ces chansons sont construites sur un modèle pop, mais leur côté juvénile et défroqué rend les choses beaucoup plus charmantes. La pop légère, insouciante, naïve, de « Spinning top girl » est un vrai régal. On ne peut que se damner pour un tel refrain, tout comme ce petit passage ralenti, tout délicat, aux voix à peine soufflée, avant une reprise en main progressive des guitares. Fuyant comme la peste toutes les obligations de rock star et la provocation qui va avec, Honey Langstrumpf adopte une posture si sincère et si antinomique qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver de la tendresse pour eux.

13 avril 2012

Honey Langstrumpf : Cloverleaves EP


Cloverleaves EP de Honey Langstrumpf

Sortie : 1996
Produit par Toni Noguera
Label : Elefant Records


Dans la lignée de leur performance au cours du premier festival Benicàssim, Honey Langstrumpf se sent plus sûr de ses capacités, de ses envies et de son écriture pop. Cette assurance transparait clairement au cours de cet EP, paru un an après le festival mythique (la formation espagnole, avec d’autres, avaient partagé l’affiche avec Ride, The Charlatans, Carter USM, Echobelly, Supergrass, Cranes), puisqu’on y découvre un son plus fort, plus marqué, un tempo plus vif et des guitares qui vont davantage à l’essentiel : le plaisir, le fun, rien de plus.
« Cloverleaves » ou « X-Spanded » ne paraissent que des défouloirs de saturations et de distorsions, ils sont avant tout la démonstration d’une force et d’une maîtrise nouvelle. Les chants n’hésitent plus à se faire expansifs, tout en gardant une douceur au service des mélodies. Sur cet EP, le ton est plus incisif, les mélodies plus fouillées. Le magnifique « Cloverleaves » réussit l’exploit d’insérer des nappes de violons sous ses nappes saturées pour une solennité nouvelle, renforcée par des chants d’angelots. Un titre shoegaze d’une remarquable allure !
Mais cela va bien au-delà que de vouloir faire un maximum de bruit, on sent que Honey Langstrumpf cherche à se renouveler, à s’ouvrir, à inclure des éléments détonants. Ainsi « It’s so easy to laugh » utilise des guitares sèches, avant bien-sûr aussitôt de réinjecter les grosses guitares mais de maintenir ces voix légères et sûres d’elles-mêmes.
Cette finesse avancée dans l’écriture permet d’offrir à l’auditeur des titres savoureux, à l’instar de l’adorable « Blackout » qui s’ouvre sur des violons puis alterne petit riff indie et grosse déferlante grunge. Ou encore « Commited », plus langoureux, plus psychédélique, qui lui se base sur des cithares ! Etonnant.
Il est du fait très dommage que l’aventure ne se soit poursuivie, le groupe s’étant fait croquer tout cru par la pression de la rentabilité et du succès facile, ce qui coupa court à toutes envies de faire de la pop autrement. Autres temps, autres mœurs…