14 avril 2012

Honey Langtrumpf : Honey Langstrumpf


Honey Langstrumpf

Sortie : 1995
Produit par : Toni Noguera
Label : Elefant Records


Le charme de l’innocence qui agit instantanément. Voici ces jeunes, aux rêves pleins la tête, qui veulent signer des compositions alléchantes, d’une tendresse et d’une fausse naïveté touchante.
Cette aspiration à la libération, à la superficialité et au jeu, n’est pourtant jamais aussi savoureuse que lorsqu’elle est viciée par des malversations instrumentales. « Picking on tiptoe » ou « Gift » veulent aller vite, très vite, tout s’emballe alors, la batterie, les grosses guitares et les amplis explosent, tandis que les voix restent éternellement candides. Car la jeunesse, c’est aussi rompre avec les habitudes, n’en faire qu’à sa tête et flirter avec les interdits.
Une génération qui voulait faire de la pop comme les autres mais qui voulait aussi tout saccager et tout pervertir. Pour ne pas faire comme les autres. Une attitude typiquement adolescente, dont les membres de Honey Langstrumpf ont du mal à se départir. Mais qui rend leur musique si intéressante. Le premier titre, « Mostaza », propose un riff diabolique, qui va accompagner des grosses guitares saturées et un chant évanescent, funambule et hypnotique. Génial.
Cet album éponyme aligne un impressionnant florilège s’écoutant la tête reposée sur l’herbe, les yeux mi-clos et une brise sur les joues, l’attitude mi-poète, mi-hébétée. On succombe devant les violons de « Only Shallow », plus calme, plus mélancolique. Ou devant la tristesse affichée des guitares sèches de « Empty », en fermeture de l’album, titre saupoudré de vocalises béates et mielleuses.
Il suffit d’écouter la majesté de « Dream », déluge racé de saturations, ou le mid-tempo inouï de « Uneasy ». Imparable de simplicité et d’évidence. Ces chansons sont construites sur un modèle pop, mais leur côté juvénile et défroqué rend les choses beaucoup plus charmantes. La pop légère, insouciante, naïve, de « Spinning top girl » est un vrai régal. On ne peut que se damner pour un tel refrain, tout comme ce petit passage ralenti, tout délicat, aux voix à peine soufflée, avant une reprise en main progressive des guitares. Fuyant comme la peste toutes les obligations de rock star et la provocation qui va avec, Honey Langstrumpf adopte une posture si sincère et si antinomique qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver de la tendresse pour eux.

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