20 mars 2015

Soon : Scintille

Scintille de Soon

Date : 1996
Production : Andjela Dutt
Label : Black Out / Mercury

Produit par Andjela Dutt, une spécialiste du shoegaze (Swervedriver, The Belltower, The Boo Radleys, Rollerskate Skinny, Submarine, The Werefrogs, elle est même conviée un temps pour participer au Loveless de My Bloody Valentine), cet album pourtant sorti sur une major se dote d’un mur du son pour doper ses mignonettes chansons pop. Le groupe italien signe des tubes destinés à conquérir les charts tout en se compliquant la tâche à grand renfort de guitares. Malgré l’esprit ouvertement pop et mignon tout plein, les déferlantes font mal aux oreilles, comme sur « Ordine » ou « Settimane », qui rappellent un peu ce qu’ont pu faire Pale Saints (lorsque Meriel Barham était aux commandes) ou Lush sur la fin.
En effet, grâce à Andjela Dutt, les influences shoegaze pointent le bout de leur nez. Exit les voix inaudibles et la torpeur mélancolique, mais derrière les saturations, les accélérations à la batterie et le son bodybuildés, Soon dévoile tout de même quelques surprises. Une pulsion à pervertir juste ce qu’il faut ses chansons, pourtant adorables et basiques de prime abord (le punk « Stasi »). Mais ce n’est qu’une apparence. Car il faut voir derrière la voix cajoleuse et enjouée d’Odette Di Maio (tout en italien), un esprit espiègle et fragile. 
A bien y réfléchir, le groupe est en réalité loin de vouloir s’épanouir dans une ambiance frivole, tout juste bonne à plaire au grand public, il souhaite avant tout sublimer une certaine vision de la beauté, en y injectant le doute. C’est ainsi que le sublime « Il fiume », démarrant pourtant avec une guitare sèche et une magnifique mélodie à la guitare, va être envahi à chaque refrain par une déferlante de gros sons, puissant et grondant.
Il faut entendre la petite Odette Di Maio chanter innocemment sur « Larva », tandis que graduellement les saturations s’accentuent. Elle continue comme si de rien n’était et se laisse envahir par cette déferlante de bruits autour d’elle, une démarche assez subversive en soi, car on aurait tendance, par facilité, à la mettre en avant. Pourtant, pour le groupe, les choses sont claires, ce qui est à l’honneur, ce sont avant tout les guitares.
C’est en étant sans cesse emballées et saturées qu’elles prennent les devants et donnent un cachet particulier à ses magnifiques morceaux que sont « O almeno sembra », où la voix aérienne de Odette fait des miracles, ou « In nessun posto », une vraie ballade romantique.
Certes, la formule reste souvent basique : couplet vindicatif, refrain apaisé et lumineux, cependant, ce (léger) mur du son perverti un tout petit peu ces chansons joyeusement dynamiques. 

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