27 mars 2017

Fiche artiste de Monkeypig

Monkeypig

Fondé en 1993 à Malmö, par le guitariste Jonas Carlehed, le chanteur Begnt Persson, le bassiste Dan Hultman, le batteur Jonas Elmqvist puis le claviériste Pål Olofsson. Ils ont sorti un maxi en 1994 sur la micro-label Borderline Records, influencé par Ride et Blind Mr Jones, puis un single en 1996 sur Pandemonium, un label anglais qui leur avait promis un album. Ils délaissent leur style mélancolique pour plus de punch et de guitares lourdes hérités du post-grunge, aidés en cela par le producteur Adam Kviman (Drain, This Perfect Day, Popsicle). Le groupe va en Angleterre en studio et enregistre de quoi faire un album, qu'il compte intituler : Francis Bacon Will Never Die! Hélas, en 1997, au moment de presser l'album, le label fait banqueroute. Il se retrouvent sans le sous, sans structure pour publier leur album, retournent en Suède où personne ne leur accorde la moindre chance et abandonnent à peine un an plus tard, en 1998.
Un groupe qui n'a vraiment pas eu de chance ! 

22 mars 2017

Fiche artiste de In One

In One

In One est un trio originaire de Rochester organisé autour de John DePuy (guitare et voix), Tony Allelo (basse) et Micheal Tarala (batterie).
A chaque publication de maxis, ils juraient leur grand Dieu qu'il ne s'agissait que de répétitions avant la sortie imminente de leur album. Bien-sûr, il n'est jamais sorti, le groupe étant tombé avec les autres dans les oubliettes réservés au shoegaze américain.

In One : Ascension

Ascension de In One

Date : 1994
Produit par Jim Huie
Label : Gamma Ray

Ce superbe maxi, inconnu mais réconfortant, respire l’insouciance. Les mélodies sont quelque peu lyriques mais capricieuses. Idem pour les vocalises, relâchées, naïves et expirées doucettement. Les petits arpèges tout mignons tout plein du délicat « Swallowed whole », la libératrice et adorable agrégation de guitares de « Blue », les distorsions ininterrompues et les vocalises rêveuses de « Sour Yellow State » indiquent le sens de leur aspiration. Il s’agit non pas de massacrer, de secouer, mais au contraire, de souligner et pousser vers le haut des morceaux romantiques à l’aide d’un mur du son éclatant et savoureux. A l’oreille, les instruments se confondent et se mêlent ensemble dans un chaos doré, le tout avec beaucoup de candeur. 
Quant à « Flooting Water », c'est tout simplement un titre merveilleux, empli de magie, de psychédélisme et de voix superbement soufflées. Une intro tout en distorsions, puis des bruits de flottements, et enfin l’éclosion, un déballage rock dans la droite lignée de Ride, mais les chants sont alanguis, légèrement affadies, pour plus de détachement (à l’image des photos de leurs albums, sorte de souvenirs photos de passé regretté, tout droit sorti d'albums de vacances d'enfance) et plus de place au vacarme de fin incontrôlé. 
Le groupe est donc loin d’être si naïf, il est juste nostalgique et mélancolique, derrière leur mur du son. C'est derrière ces guitares vives qu'il faut aller chercher les failles et les fêlures de John DePuy, ce personnage à l'origine des chansons de In One, un jeune garçon légèrement tourmenté qui ne voulait pas s'en laisser paraître.

In One : Fade Out

Fade de In One

Date : 1996
Produit par : John Depuy
Label : Interstellar

Comme précisé dans la pochette, cet EP n'est que le résultat de chutes de studio. La plupart des pistes ne sont d'ailleurs que des instrumentaux ou des interludes, conférant une drôle d'ambiance de rêverie inachevée.
Il vaut principalement pour "Mercury", merveilleux titre plein d'entrain, où le chant doucereux et légèrement laconique, est en décalage avec le rythme de la batterie, plutôt vif et excité. On retrouve de belles harmonies vocales, comme sur "Gasping for air" et son riff cosmique assuré. Comme on le sait, ce groupe américain, avant tout le projet de John Depuy (qui écrit les chansons, joue de la guitare, chante, produit, enregistre, mixe et remastérise tout), cultive une espèce de fatigue nostalgique. 
C'est d'autant plus apparent lorsque le groupe se dépouille des saturations pour ne conserver qu'une guitare sèche et une voix savoureuse, empreinte d'une retenue et d'une pudeur tout à leur honneur. Le lent "The Ceiling Reappears" vire alors vers le doute et l'introspection, quant à "Mercury" reprise une seconde fois, mais cette fois-ci en version acoustique, on dirait un merveilleux morceaux de twee-pop, inoffensif et déchirant. 

18 mars 2017

Fiche artiste de The Suncharms



The Suncharms

"On veut être le premier groupe à jouer sur la lune [i]" affirmait, hilare, John Malone, le guitariste du groupe, à un journaliste venu écouter LA nouvelle formation venue de Sheffield en cette année 1991, époque où le shoegaze envahissait les pages de la presse. Au lieu de ça, The Suncharms se contenta de sortir deux singles, sur le label Wilde Club (celui qui aura lancé Catherine Wheel) avant de disparaître de la circulation. Pourtant au moment de leur formation à Sheffield, Marcus Palmer (chant), John Malone (guitare), Chris Ridley (batterie), Richard Farnell (basse) et Matt Neale (guitare), pensaient conquérir le monde. "Nous pensons qu'un bon album provoque des émotions : tristesse, joie, peu importe. Et c'est ce que nous faisons.[ii]" Effectivement c'est ce qu'ils faisaient, brassant des influences larges. "Regardez tous ces groupes, Moose, Slowdive, Chapterhouse, chacun possède les mêmes disques que les autres ![iii]" critiqueront-ils, fiers de leurs influences allant de Hendrix ou Pale Saints à Ultra Vivid Scene en passant par les saugrenus West Coast Pop Art Experimental Band. Même si bien-sûr, tout cela n’était que de la posture pour tenter maladroitement de se démarquer. Bien des années plus tard, Richard Farnell avouera avoir été bercé par les mêmes groupes que tous les shoegazers : « On était très influencé par le C-86, cette compilation qui regroupait beaucoup de nos groupes favoris. Marcus et moi-même, on était influencé par des groupes comme The Pastels, Sea Urchins, Field Mice, Wolfhounds, McCarthy, mais dans le même temps Pale Saints et My Bloody Valentine débarquaient à cette époque et nous ont chamboulés[iv]»
Ils seront pris en charge par Barry Newman, le patron de Wilde Club à Norwich, celui qui aura donné une chance à ces petits groupes shoegaze provinciaux. Un processus qui s’est fait naturellement comme cela se faisait à l’époque. Culotté le groupe a juste tenté sa chance. « On était très naïf comme tous les groupes indie des années 80/90. On a envoyé quelques démos et on a croisé nos doigts. Un bon ami à nous, Marcus, avait acheté le premier single de Catherine Wheel et noté pour nous l’adresse du label (…) Honnêtement Wilde Club ont été les premiers à nous appeler. [v]» Mais comme chacun sait, le label n’a pas les finances pour un album et il faudra se contenter de deux EPs.
Cela ne suffira pas, et après une session chez John Peel, The Suncharms n'existera plus dès 1993, et ce sans avoir sorti le moindre album. Richard n’arrive même plus à se souvenir comment ils se sont séparés : « Je pense que c’est parti en sucette vers 1993 quand les membres du groupe ont déménagé, ont changé de carrière, se sont mariés etc. et je pense qu’on a commencé à côtoyer des amis pas vraiment connectés au groupe. Je suppose que sans contrat de label (pour un album), on a perdu la motivation.[vi] »
On retiendra d'eux cependant cette interview extraordinaire dans le NME, au cours de laquelle, sans vergogne et avec une morgue éhontée, ils osaient affirmer être la nouvelle sensation rock. "Quand vous écoutez un autre groupe, vous vous dites, si seulement ils avaient ce petit truc en plus. Et bien nous on essaye de prendre ce petit truc en plus pour l'importer dans nos chansons[vii]".
Sacré Marcus ! Tu nous manques.




[i] John Malone cité par Jonny Tatcher sur NME, 13 juillet 1991, [en ligne] http://drmango.net/birdpoo/sun/sunch_on.htm
[ii] Idem
[iii] Idem
[iv] Interview de Richard Farnell par Cloudberry Records, 19 septembre 2011 [en ligne] http://www.cloudberryrecords.com/blog/?p=1424
[v] Idem
[vi] Idem
[vii] John Malone cité par Jonny Tatcher, op. cit.

The Suncharms : The Suncharms



The Suncharms 

Date : 1990-91
Produit par The Suncharms
Label : Cloudberry Records


The Suncharms se sera contenté de sortir deux singles sur le label culte du Wilde Club, celui de The Bardots, Catherine Wheel ou Cherry Forever. Pour cette miraculeuse compilation de Cloudberry sortie en 2016, on y ajoutera quelques démos, histoire de faire le nombre (et tant pis pour la piètre qualité du son).
Ces gamins ont ainsi contribué à cette scène shoegaze de province, parallèle à celle, plus connue, de la Thames Valley. Ce shoegaze-là s’embarrassait moins de lyrisme pour se concentrer sur ce qui plaisaient à ces jeunes : le bruit, la pagaille, l’espérance. Car il ne faut pas se leurrer, le shoegaze, en somme, ce ne sont que des guitares qui secouent dans tous les sens. Et cette compilation ne déroge pas à la règle. Ainsi « Reflections » aura beau démarrer comme une ballade à la guitare sèche, cela n’empêchera pas l’intrusion impromptue d’un déluge de saturation. Pour les textes, on passera, le chant est si doux, qu’on l’entend à peine ! Marcus Palmer a cette façon de chanter, tout en halètement et suavité (« Sparkle » ou « She feels »).
The Suncharms possède également un autre atout, en plus de son insouciance et de sa préciosité mal dégrossie, c’est sa basse. Richard Farnell joue superbement bien de son instrument, souvent mis en avant et appuyée, c’est dire, c’est presque lui qui fait parfois la mélodie du morceau (« Verge of tears » ou le mid-tempo « Time Will Tell »).

Ce qui compte, c’est ce son surchargé, presque mal produit, ou du moins dans ce cas volontairement, qui noie presque tout le reste. Et cela fait un bien fou d’écouter les superbes « Spaceship », à la simplicité retrouvée, ou bien « One I See », au tempo surmultiplié et qui ferait presque tourner les têtes. Un superbe groupe shoegaze que beaucoup avait oublié.