Les deux amis d'enfance John Ling et Graham Sutton fondent le groupe alors qu'ils sont âgés d'à peine 14 ans en 1986. Leur première chanson sortira deux ans plus tard, sur Cheeree Records avant que ces jeunes quittent le lycée, recrutent le batteur Mark Simmett, s'installent dans des squats mal famés de Londres, sympathisent avec les artistes underground du cru, proposent des concerts furieux dans des églises ou des petites salles, expérimentent et publient des singles expérimentaux et obscurs, parfois inspiré du shoegaze, un milieu dont ils étaient très proches, d'autres fois ressemblant à l'ambient, avant d'aboutir à leur chef-d'oeuvre : Hex, un album reposé, calme et novateur, le premier album de post-rock.
Shoegaze pour "regarder ses chaussures". Ce terme anglais fut employé pour désigner les groupes rock qui apparurent dans les années 80-90, menés par My Bloody Valentine ou Ride, et qui pratiquaient une musique remplie de saturations et de mélodies sucrées, à base de vocalises béates. Ce blog musical est entièrement dédié au mouvement shoegaze et comprend toutes les chroniques des productions cultes de cette période.
1 janvier 2018
Bark Psychosis : Nothing Feels EP
Date : 1990
Production : Graham Sutton
Label : Cheree
Une face claire, une face sombre.
En première partie, le groupe explore des veines alanguies
et reposées. « Nothing Feels » est construit autour d’une basse
gothique, d’un rythme lent, de quelques percussions, puis une petite guitare fait
son apparition, ainsi que des voix fatiguées, soufflées. C’est la même chose
avec la ballade folk « I know », tristounette à la guitare sèche
toute tristounette et aux guitares qui sonnent comme des plaintes de dauphins.
Les voix sont douces, légères, dédoublées, à la façon de Slowdive. On se
surprend à rêvasser.
Mais sur la seconde piste du vinyle, les choses
prennent une autre tournure et le bruit s’invite à la fête.
« By-blow » n’est d’ailleurs qu’un mur du son expérimental,
composé de massacre en règle de la batterie, de distorsions et de nappes de
saturations inaudibles. C’est sur « All different thing » que la
dimension émotionnelle s’amplifie. Le morceau est lent, alangui, avec juste
quelques brides de guitares qui se perdent dans le lointain, quelques brides de
voix, féminines, masculines, qui répètent les mêmes échos comme des
incarnations de fantômes. Puis les arpèges féériques et doucereux commencent à
tisser des lignes folles et enfin, c’est le déluge, et un mur du son imposant se
déploie majestueusement. Une interruption, on revient vers ce climat plus
reposé, alternant bruit shoegaze et calme dream-pop, et enfin ça reprend encore
plus fort. Huit minutes tout aussi éprouvantes qu’éblouissantes.
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