20 février 2018

The Pagans : Stereokineticspiraldreams

Stereokineticspiraldreams de The Pagans

Date : 1993
Production : Morris Yeo
Label : Tim Records

Du bruit et des distorsions, ce n’est pas ce qui manque sur cet album ébouriffant. C’est très saturé et si le groupe injecte dans ces chansons supersoniques quelques pauses, ce n’est pas pour respirer mais pour se laisser aller aux distorsions. Des titres comme « DHL » ou « So-on », avec sa pédale wah-wah, ne sont que des fracas, de la batterie comme des guitares. Et ce qui est surprenant, c’est qu’au milieu de tout ça le chant de Morris Yeo reste imperturbable. Seule exception avec « Part II », une petite ballade, où subitement il se met à crier (si ! si !) alors que jusque-là il avait fait preuve d’une grande douceur.
Avec sa façon de poser sa voix, toujours d’un souffle, étirée au maximum et d’une légèreté absolue, difficile de comprendre qu’il s’agit bien d’un homme. Il se joue parfaitement des codes de la masculinité. Quitte à se lover dans une extrême suavité, proche parfois de la torpeur. A force de longues déclamations uniquement composées de voyelles, son chant devient une force d’opposition aux rythmiques saccadées et aux guitares dures, pour un contraste délicieux. Sur le post-punk « Take this day away », il apparait presque béat. Et sur le space-rock « TV Babe », avec son intro en forme de zapping TV (on entend même un match de la Juventus !) et sa basse rampante, c’est à peine s’il est audible.
A bien des égards, la musique de The Pagans, à forte valeur psychédélique, évoque parfois Chapterhouse. C’est indéniable avec l’indépassable « Prog-rock space opera », joué à fond, porté par un riff inoubliable, des saturations constantes, un rythme dansant, et dont le chant n’est qu’un souffle évaporé. 
The Pagans ne se contente pas de tout casser ; il réussit également à inventer un univers bien à lui, éloigné de ses idoles, toujours aussi féérique, mais peut-être un peu plus obscur et mystérieux. On n’est pas dans la luxure mais dans une sorte de rêverie assez inquiétante et perturbée. L’ambiance est comme plombée. Rien que la basse, souterraine, grave, qui rappelle celle de « Come as you are » de Nirvana, sur « Precious 7 », fait courir un frisson dans l’échine. Encore pire avec le sublime « K », qui ne sera qu’une vague plage contemplative comme les affectionne Slowdive, lente et monocorde, mais d’une beauté froide à couper le souffle.
Ce qui fera de Morris Yeo un personnage assez détonnant dans le milieu.

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